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Questions à un ami utopiste

II Une autre organisation politique


5 Le code pénal

- Qu'en est-il des crimes et délits ? Je suppose que vous avez dû réfléchir à ça, puisque vous semblez avoir paré à toute éventualité...

- Plusieurs choses.
Tout d'abord, l'inflation législative est interdite. Le principe « nul n'est censé ignorer la loi » est accompagné de « la loi doit pouvoir être entièrement connue par n'importe quel citoyen en moins d'une heure d'étude ».
La loi se résume d'ailleurs en trois règles simples : premièrement, ne pas nuire directement à autrui (de façon objective), que ce soit physiquement (atteinte portée à sa santé) ou mentalement (harcèlement)

- On fait comment pour le harcèlement, parce que ça peut être assez subtil. Un individu un peu susceptible peut rapidement se sentir gêné par une communication sans qu'il y ait d'ailleurs volonté de nuire ; puis se déclarer « harcelé »... Et ne me dis pas qu'il faut qu'il y ait volonté de nuire, parce que c'est difficile à prouver.

- C'est très simple. Si quelqu'un te demande d'arrêter de faire quelque chose qui le gêne objectivement, et que tu continues...

- Alors comme ça, si je demande à mon voisin d'arrêter de passer la tondeuse sur son gazon et qu'il n'en tient pas compte, je peux le dénoncer pour harcèlement  ?

- Non, pas ici, parce que pour qu'il y ait harcèlement, il faut également que l'acte commis n'ait pas un intérêt évident par ailleurs. Ici, tondre son jardin présente typiquement une utilité (même si on peut trouver plus utile). Par contre, il y a effectivement nuisance, dans cet exemple ; il suffira de vous entendre : heures de passage de la tondeuse. Typiquement, on évitera de faire une loi pour ça (ou alors un règlement local).

- et si on ne parvient pas à s'entendre ?

- Vous ferez appel (celui d'entre vous qui le souhaite, en tout cas) à un médiateur (ou une équipe de médiation).

- Et ça se définit comment une « gêne objective », parce qu'une insulte, par exemple, c'est assez subjectif comme gêne, non  ?

- Non, c'est une gêne objective, parce que la personne perçoit un son : ton discours, il lui est difficile de s'y soustraire. C'est ça que ça veut dire.
Je poursuis la liste des règles générales, si tu le veux bien.
Deuxièmement, ne pas nuire aux biens (la nature comprise : c'est notre bien commun à tous).

- Ce qui comprend donc, si je ne m'abuse le non-respect des biens dont on a la garde.

- Entre autre, oui. C'est d'ailleurs là une règle qui n'existe pas en régime capitaliste.

- Le vandalisme est autorisé en régime capitaliste  ? Le locataire n'y est pas tenu de payer en cas de dommages au bien loué  ?

- Oui, mais parce qu'il s'agit de biens appartenant à autrui. Mais tu n'y es pas tenu de respecter ce qui t'appartient ou n'appartient à personne (lorsque cela existe). Les biens n'y sont pas respectés pour eux-mêmes mais seulement en tant que « propriété ». Cela correspond à l'état d'esprit différent dont j'ai parlé tout à l'heure à propos de la possession. Le respect remplace l'ego, en quelque sorte.
Enfin, troisième règle : respecter les décisions collectives (celles qui ont été prises selon la procédure démocratique officielle).
Cette dernière règle en contient en particulier deux autres, sur le plan économique : ne pas voler (à savoir : ne pas respecter l'attribution d'un bien), et faire sa part de travail obligatoire. Nous en avons déjà parlé.
Voilà, ce sont là les cinq règles fondamentales, il n'y en a pas d'autres... Cet exposé m'a pris moins d'une heure...

- Et mis à part cette simplification drastique des codes civil, pénal, commercial, administratif etc. Quelles sont les autres différences ?

- Une autre différence avec le système capitaliste est qu'il y a moins de tentations d'enfreindre les règles. Donc, ça fait moins de frustration pour tout le monde, et moins de travail de police et de justice (donc : moins de travail pour tout le monde).

- Et comment ça se passe pour les peines. Nous avons vu quelques exemples : en particulier, le bannissement. Il y en a d'autres ? Qui en décide ?

- En fait, on ne parle pas de « peine ». C'est la troisième différence importante. On parle seulement de solutions, d'améliorations. Les solutions sont cherchées avec les parties en présence, dans la mesure du possible, bien sûr. Nous ne sommes pas dans une logique de la faute, de la dénonciation, de la réprobation, mais plutôt de la recherche d'une vie plus agréable pour tous, en respectant chacun.

- Il n'y a pas de prison ?

- Si, ça peut se faire. Rien n'est exclu. La détention se justifie lorsqu'elle apparaît comme le meilleur moyen de protéger la population d'agissements particulièrement dangereux. Mais cela relèverait plutôt de la sécurité à court terme. Le but n'est pas de châtier, au pire, il serait plutôt d'éduquer...

- Cela dit, le bannissement, c'est un peu violent, je trouve... « On n'est pas dans la réprobation et la dénonciation, mais tu es banni ». Je trouve ça un peu hypocrite.

- Le terme a certes une connotation quelque peu négative, mais nous ne le prenons que dans son sens objectif. Le bannissement physique ne s'accompagne pas d'un rejet affectif, d'une réprobation, justement.
L'idée du bannissement vient de ce que nous ne nous donnons pas le droit de nuire à la liberté d'autrui, sans pour autant nous estimer dans l'obligation de tout supporter ou de mettre en péril quelque chose qui assure une justice et un bien-être maximums. Et pour éviter qu'il y ait trop d'arbitraire, que l'acceptation d'autrui soit maximum, le respect des règles est la condition, objective en quelque sorte, de l'acceptation d'autrui. Règles qui consistent précisément, tu l'auras remarqué, à respecter autrui : son corps, son environnement, sa production, ses résolutions...

- « Je respecte ta liberté si tu respectes la mienne », en quelque sorte.

- Voilà. « Et même si tu ne la respectes pas, je nuis à la tienne le moins possible : je te demande d'aller ailleurs, où bon te semble ; de façon à ce que tu ne me nuises pas ».

- Oui, mais dans l'hypothèse où cette organisation sociale, de par l'extraordinaire bénéfice qu'elle apporte, aurait un tel succès que toute la planète serait recouverte pas des communes ucratiques, vous les enverriez où les bannis  ?

- Eh bien précisément, on fera en sorte que ces communes ne recouvrent pas toute la planète ! On laissera toujours un peu d'espace pour ceux qui souhaiteraient autre chose, et ceux que nous ne souhaitons pas (tant qu'ils ne changent pas de comportement, bien sûr). Nous ne nous posons pas comme une solution universelle et incontournable.

- Et si la personne veut revenir  ?

- Un bannissement sera généralement accompagné d'un délai au-delà duquel la personne sera acceptée.

- Décidé comment  ?

- Par le jury ayant eu à régler la question à l'origine du bannissement.

- C'est quand même assez flippant de risquer l'exclusion à tout moment.

- Nous faisons attention à ce que cette peur n'ait pas lieu d'être, justement. L'exclusion ne peut survenir que si la personne l'a vraiment cherchée. Elle ne saurait être la conséquence d'une faute involontaire ! Le jury dont je viens de parler convie toujours la personne pour qu'elle puisse s'expliquer et être associée autant que faire se peut à la décision. Là encore, il s'agit juste de trouver la meilleure solution pour la satisfaction du plus grand nombre sur le long terme.

- Et là où seront envoyés les bannis, ils pourront facilement pourvoir à leur survie ?

- Oui, bien sûr, on veillera à cela. On n'est pas aussi vache qu'en capitalisme où celui qui ne bosse pas et n'est pas déjà suffisamment riche ne peut rien s'acheter et risque donc de crever de faim sans possibilité de trouver un bout de terre pour se nourrir (puisque tout a été privatisé).

- Il y a l'assistance aux pauvres.

- Oui, mais cela ne relève pas du capitalisme pur, cela n'existe que dans les États partiellement « socialistes » (dits d'économie mixte), assurant une certaine sécurité à leurs concitoyens, chose d'autant plus compréhensible que le travail n'y est généralement pas garanti, même si tu veux bosser ! Je te rappelle qu'actuellement, plus de six millions de personnes meurent de faim tous les ans, et ce n'est pas parce qu'ils ne veulent pas travailler... C'est uniquement le fait du système possessivo-monétariste, facteur d'injustices et d'insécurité.

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