«aussi l'axe curieux 'souffrance'!!!!
mais j'en ai deja dit qques mots et y reviendrai volontier...»

Mérite en effet une petite précision : l'Alliance Algosphere a adopté la jeune éthique dite prioritariste en.wikipedia.org/wiki/Prioritarianism

A noter que Derek Parfit, philosophe contemporain co-annonciateur de cette éthique, est également l'introducteur de référence du concept de 'conscience étendue' dans la philosophie occidentale - jusque là dominée par la 'conscience individuelle' héritée, pour faite vite, de la conception chrétienne de la personne, unique et différente des autres car union exclusive d'un corps et d'une âme dès la conception jusqu'à leur séparation à la mort (d'où l'ego). D.Parfit reconnaît l'importance historique de la philosophie bouddhiste où ce concept existe depuis plus de 2000 ans ("buddha was right" dit-il en substance). Il est dommage que le livre-phare de Parfit, Reasons and Persons ne soit toujours pas traduit en français : un objectif pour algopublishing j'imagine. De façon générale la capacité de l'université française à rester fermée à la philosophie bouddhiste - grande absente des programmes d'enseignement de la philosophie - est un vrai scandale académique. Pour faire bref l'enseignement philosophique français, ne traite - en matière de pensée religieuse - que des 3 religions du Livre, et - en matière de philosophie - que des écoles occidentales. Vrai syndrome du réverbère. Même Michel Onfray, dans son effort pour restaurer la pensée hédoniste en philosophie, semble méconnaître dans ses écrits - et c'est dommage - le continent noir des écoles de pensée orientales/asiatiques. Espérons que sa phénoménale capacité de lecture et d'écriture lui permettra de combler cette lacune un jour. M.Onfray continue par exemple de s'arc-bouter sur la 'conscience individuelle' contre la 'conscience étendue' ("qui suis-je ? mon cerveau et rien d'autre "!).

Pourquoi s'intéresser à la souffrance ? Parce que le prioritarisme - la priorité donnée à l'évitement des souffrances les plus intenses - est peut-être l'éthique la plus solide actuellement. Pour ceux qui se demandent comment on fait pour mettre un seuil entre les souffrances les plus intenses et les autres qui ne sont plus prioritaires par rapport à d'autres valeurs comme le plaisir par exemple, ce seuil est fixé par un choix démocratique : exemple, être contre la torture mais par ailleurs accepter l'expropriation de quelques uns - qui vont en souffrir - pour construire une voie de transport - qui ferait plaisir à beaucoup.

Certains pensent pouvoir opposer à l'éthique prioritariste l'hédonisme ou l'eudémonisme, l'éthique du bonheur ("moi ce qui m'intéresse, c'est le bonheur et pas la souffrance, c'est la psychologie positive qui compte pour le bonheur et non la psychologie tournée vers les souffrances").

Passons sur l'instabilité de la définition du bonheur : "vision de Dieu" pour le catholicisme ("c'est pour le conduire à lui que Dieu a mis la recherche du bonheur dans le coeur de l'homme"), "satisfaction du désir" pour Mizrahi qui cohabite avec M.Ricard au sein de la Fabrique Spinoza, M.Ricard proposant une définition bouddhiste du bonheur, soit "l'absence de souffrance"... par l'extinction des désirs nous dit par ailleurs le bouddhisme standard. ça fait désordre.

Prenons la définition de wikipedia fr.wikipedia.org/wiki/Bonheur : "Le bonheur est un état durable de plénitude et de satisfaction, état agréable et équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, le stress, l'inquiétude et le trouble sont absents." D'où la souffrance est absente : donc être partisan d'une éthique du bonheur, c'est donner la priorité à l'extinction de la souffrance (puisque la cessation des souffrances est un préalable au bonheur), c'est être un adepte du prioritarisme, c'est être algo-compatible.

Tout eudémoniste est un algonaute en puissance, même s'il l'ignore encore !