Merci pour ces échanges très riches, ici qq réflexions en vrac.

- nous sommes quelques algonautes à nous intéresser de près à la piste suggérée par Vic, pour les raisons qu'il évoque et, au-delà, à cause de la contrainte de "réplication" culturelle durable (à l'échelle des siècles et des millénaires) d'une éthique priorisant la souffrance (c'est-à-dire donnant un poids supérieur aux souffrances les plus intenses dans la pondération des choix de société). Donc très favorable à l'émergence de ce sujet au sein d'ukratio.

- notre approche est double :

. d'une part expérimenter par soi-même comme Vic le suggère : se répartir les méthodologies disponibles (MBSR a été testée mais pas que) et partager ces expériences

. d'autre part comme y invite Déf, investiguer la crédibilité sociale de ces différentes approches (efficacité à court et long terme, rapport coût / efficacité, etc) et voir les avantages et inconvénients des unes et des autres. Cela s'inscrit dans le cadre plus général de l'algonomie, cette nouvelle discipline qui cherche à rassembler toutes les connaissances sur le phénomène de la souffrance et élaborer une véritable science de la souffrance. L'idée est de passer au peigne fin toutes les propositions en matière d'allègement de la souffrance, dont les techniques de méditation, les propositions économiques etc.

- la remarque de Déf sur le succès à long terme du bouddhisme (ou des bouddhismes) est importante :

. la mauvaise nouvelle est qu'en apparence malgré 25 siècles d'existence, le bouddhisme n'a pas atteint son objectif d'extinction de la souffrance (à noter que l'éthique prioritariste est un peu différente du bouddhisme qui est plutôt un utilitarisme négatif, abolitionniste même = "nirvana/extinction totale")

. la bonne nouvelle c'est qu'à la différence de la culture hédoniste/eudémoniste/ataraxiste d'origine grecque antique, qui n'a duré que quelques siècles avant de réapparaître en Occident au XVIIIe siècle (utilitarisme), l'organisation bouddhiste - avec notamment son réseau d'enseignement universitaire / réseau monastique avec ses enseignants/moines - a réussi à survivre déjà 25 siècles et se développe considérablement en Occident depuis le XXe - malgré des phases de persécution majeure qui ont failli entraîné sa disparition. Qu'est-ce qui a permis au bouddhisme de durer et de s'étendre contrairement à l'hédonisme gréco-occidental ? La méditation et sa capacité de dépassement de l'ego, capacité d'extension de conscience à tous les êtres sensibles y est, me semble-t-il, pour beaucoup.

- la méditation et l'organisation bouddhiste sont-elles suffisantes pour alléger la souffrance dans le monde? C'est sans doute une contribution majeure dans l'histoire de l'humanité (au moins au plan culturel en ayant fait émerger à grande échelle une éthique de non-souffrance pour la 1ère fois dans l'histoire de l'humanité), mais qui a ses limites : quid des êtres sensibles non-humains ou des nourrissons qui ne peuvent pratiquer la méditation ? D'où la nécessité de devoir organiser beaucoup plus largement l'éthique prioritariste.

- mais si la méditation est bien une solution (parmi d'autres) pour l'allègement de la souffrance, alors elle mérite investigation et promotion. L'idée est de favoriser un accès grand public, peu coûteux, aux techniques de méditation (et argumentées zététiquement !). La méditation étant essentiellement une technique informationnelle, il semble a priori assez facile et peu coûteux d'utiliser internet pour la diffuser. Quitte à faire de l'accompagnement "physique" lorsque nécessaire.

- ce qui conduit à travailler sur les possibilités d'encourager la méditation, par exemple par le canal d'ukratio, par exemple en développant un service grand public d'accès à la méditation via internet, ou via des réseaux de proximité comme Bergerêve (idée de Dionisos de répliquer au sein d'ukratio le savoir-faire) qui pourrait peut-être développer un tel pôle d'expertise au service des ukratiens et bien au-delà (en plus le "marché" du bien-être est en plein boom ! autant ne pas le laisser aux seules mains avides).

- on pourrait aussi ouvrir un tel centre d'intérêt au sein de l'Alliance Algosphère pour renforcer une telle initiative.