Mais on peut tirer certaines leçons de l'histoire longue de l'espèce humaine en terme de réplication culturelle de telle ou telle éthique, c'est tout l'enjeu de mon dernier bouquin "Naître est-il dans l'intérêt de l'enfant ?"
www.jcl.algosphere.org/naitre-gratuit.pdfCar l'histoire longue (100.000 ans) montre que l'idéologie de reproduction a largement dominé les cultures, y compris de nos jours. Si on observe les 2 grandes valeurs-racine de l'histoire longue de l'humanité, on constate que la réplication mémétique de l'idéologie de reproduction se fait très facilement et puissamment alors que l'éthique de non-souffrance (incluant l'altruisme culturel, et non l'empathie et altruisme instinctif) est vulnérable : elle a complètement disparu en Occident après les Grecs antiques (ataraxie épicurienne notamment) jusqu'au 18e siècle, puis s'est pris une belle gifle en 1948 avec son abandon dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Par contre elle a réussi à survivre en Orient avec le bouddhisme (malgré son extermination quasi totale en Inde au Moyen-Âge sous les coups de l'Islam). La différence majeure entre la branche occidentale qui se réplique mal et la branche orientale, c'est justement la compréhension de l'illusion de l'ego / de la conscience étendue avec les boddhisatvas.
Il faut donc réfléchir en terme de réplication mémétique à long terme d'une priorité éthique : quels sont les facteurs clé de succès de ce challenge darwinien ?
L'idéologie de reproduction, de par sa nature, se réplique automatiquement, alors que l'éthique de non-souffrance (avec ses branches "bonheur", "altruisme culturel" etc) se réplique très mal. Pire encore plusieurs branches "non-souffrance" ont eu tendance à mettre fin à leur propre reproduction pour mettre fin à la souffrance, sciant la branche sur laquelle elles étaient assises ! D'ailleurs dans une éthique fondée sur l'acceptation de l'illusion de l'ego (la fameuse croyance à l'identité personnelle propre à la philosophie occidentale), la conclusion est que "Naître n'est pas l'intérêt de l'enfant" et les sociétés altruistes se reproduisent moins vite que celles qui se fondent sur des éthiques reproductrices, pro-life...