La notion de responsabilité m'est un peu vague. Le fait est que les parents sont souvent jaloux de l'éducation de
leurs enfants (au sens où ils en font leur propriété exclusive). Mais contribuent de facto à cette éducation, tous ceux qui communiquent avec eux (les enfants) ou influencent leur environnement. Tout au plus, pourrait-elle être plus présente dans le cadre scolaire.
Comme tu l'évoques, l'éducation scolaire se limite essentiellement à ce que l'on appelle parfois l'instruction. Mais depuis quelque temps, il est question de remettre l'enseignement de la morale à l'école
article du figaro.
Et je pense que c'est cette partie de l'Education qui est à modifier (dans le sens de l'amélioration).
Je le pense également.
Voici le genre de chose que l'on pouvait lire dans un livre de morale (scolaire) du début de XXème siècle (petits contes édifiants suivis de leur morale) :
reste_de_livre_dont_la_couverture_manqueL'époque toujours redoutée des poltrons, mais non des autres, était enfin arrivée pour Pierre. Il venait de satisfaire à ces deux prescriptions de la loi : le tirage au sort, et le passage devant le conseil de révision. Or, il était ravi du résultat obtenu : il avait tiré le numéro onze de l'urne, et le chirurgien l'avait déclaré excellent pour le service !
Quelques jours à attendre, et il allait endosser l'uniforme militaire, et, comme ses camarades, payer sa dette au pays.
(...) lorsqu'il aperçut Lardin.(...)
- Bonjour, conscrit, dit Pierre; est-ce que nous partons ensemble?
- Il le faudra bien, répondit Lardin d'un ton contrit. Ajourné à deux reprises par le conseil de révisions, Lardin venait, en effet, d'être jugé bon pour le service, de sorte qu'il se trouvait en retard de deux années sur ses camarades du même âge.
- Comment ? repris Pierre, tu parais navré de devenir soldat ?
- Il n'y a certes pas lieu de se réjouir : si tu crois que le métier est gai !
- Je ne lui trouve, pour ma part, rien de triste ; et puis, il s'agit d'un devoir à remplir, cela ne nous suffit-il pas ?
- Est-ce un devoir ? À quoi servons-nous au régiment ? On ferait mieux de nous laisser, moi à ma charrue, toi à ton atelier.
- Vraiment ? dit Pierre, tout surpris.
- Oui. Vois-tu, continua Jules, qui évidemment répétait quelques phrases creuses entendues à la ville, et que sa pauvre tête de linotte avait retenues, sans en comprendre toute la fausseté, je suis de ceux qui demandent la suppression de l'armée ! A quoi bon dresser des hommes à se battre les uns contre les autres ? Est-ce que tous les peuples ne sont pas frères ?
- Oui-dà ! Et ce sont la les belles théories que tu as apprises à ta nouvelle école ! Je ne t'en fais pas mon compliment ! Tiens, réfléchissons un peu : supposons qu'il n'y ait plus d'armée française. Si les Allemands nous insultent, que ferons-nous ? nous n'aurons qu'à garder leur injure et à ne rien dire. Et si, après nous avoir volé l'Alsace et la Lorraine, ils se mettent en tête de nous prendre encore quelques nouvelles provinces, qu'opposerons-nous à leurs bataillons ?
Lardin resta muet.
- Voyons, réponds-moi donc. Tu as des théories, il faut les défendre !Est-ce que tu comptes sur la bonté et sur la justice de nos ennemis ? penses-tu que s'ils arrivaient ici, ils épargneraient tes champs ? Je crois au contraire, que tu aurais encore plus à souffrir que moi de leur visite, car tu es gros propriétaire.
Comme toi, je crois que la guerre est une horrible chose, mais, tant qu'à nos frontières nous aurons des peuples armés, il faudra que la France soit armée, pour protéger ses biens et son honneur. Au fond, tu en es convaincu, aussi bien que moi, j'en suis sûr ; car ceux-là se disent sans patrie, et rechignent devant le service militaire, qui ont peur de leur peau ; et ceux qui ont peur de leur peau sont des lâches !
- Tu ne me prends pas, je l'espère, pour un de ceux-là ? riposta Lardin dont le visage s'empourpra.
- Évidemment non, sans quoi je ne causerais pas avec toi ; seulement, tes paroles pourraient le faire croire.
- On dit si souvent des choses qu'on ne pense pas !
Morale
L'homme doit à la nation dont il fait partie, la plupart des avantages dont il jouit : la sécurité, l'instruction, le bien-être etc. Refuser de lui prêter son concours, c'est donc refuser de payer ses dettes. Les théories humanitaires, qui, sous le nom de philanthropie, cherchent à étouffer le patriotisme, doivent être d'autant plus énergiquement repoussées, qu'elles ne tendent, en définitive, qu'à déguiser nos devoirs, et à amnistier la lâcheté. Honte donc aux sans-patrie ! et considérons toujours comme un honneur d'être appelés à défendre notre drapeau, le plus beau de tous, et le plus glorieux, car c'est celui de la France !
Voilà donc le genre de morale dont certains appellent le retour.
Pas vraiment de réflexion sur le fond, mais seulement des imprécations : influence par affirmation péremptoires, injonctions, égo-sensibilité (orgueil) et connotations affectives: "l'homme
doit", "il fait partie", "payer ses dettes", "lâcheté", 'honte à ", "le plus glorieux" etc.
Seul élément d'explication véritable (après le "réfléchissons un peu") : "la perte de possessions", "l'impossibilité de réparer une injure"...
Les arguments contraires que sont l'évitement de millions de morts inutiles, de souffrances inutiles, le bénéfice d'une coopération à plus grande échelle sont étrangement occultés.
Donc, oui, ce n'est pas d'un "retour à la morale" dont nous avons besoin (surtout dans un cadre "national"), mais d'une nouvelle morale, un peu plus "rationnelle" et moins "violente" !
Une contribution intéressante à ce chantier se trouve ici :
harmonisme.orgDisons que ce serait là , ce qui pourrait être promu (avec quelque cohérence) dans une société ucratique.