Comme vous pouvez le constater, le journal vient de passer d'une fréquence hebdomadaire à une fréquence mensuelle.
En fait, m'étant retrouvé seul les premières semaines de septembre, je n'avais rien publié, considérant que pour que l'on puisse parler de communauté, il fallait qu'il y ait plusieurs personnes. De plus, il n'y a pas eu grand chose à signaler, pour le début de ce mois de septembre (parce qu'on va voir qu'à la fin, ce fut plus "dense" !). Ce changement de rythme devrait aussi permettre au rédacteur de gagner un peu de temps (vu le nombre de choses à faire !).

Ce mois-ci, je me suis plutôt consacré aux tâches intellectuelles. En effet, le développement matériel du lieu est surtout utile si sa population montre des signes d'accroissement... Par contre, travailler sur les idées peut contribuer à un tel accroissement... De plus, il y a encore beaucoup à faire pour le développement de l'organiseur et du forum et je suis le seul à y travailler actuellement.

Vers le milieu du mois, phi est revenue de ses dernières pérégrinations, mais avec un genou abîmé par une sorte de flexion inverse en sautant d'un camion (qui l'avait prise en covoiturage). Elle se soigne à l'argile verte, et son état s'améliore lentement.
Nous avons fait un peu d'animation musicale dans une ville voisine. Une personne rencontrée à cette occasion nous a conseillé un vieux kiné de sa connaissance, ce fut donc l'occasion d'une visite dans un coin du département que je ne connaissais pas, plutôt montagneux, disons.

Le 26, j'ai commis l'imprudence de ne pas fermer le poulailler complètement, le temps de chercher quelques graines à côté de celui-ci. Si bien que j'ai retrouvé la poule à l'extérieur. Puis, deuxième erreur, je me suis avancé un peu trop rapidement dans sa direction, de sorte qu'elle s'est précipitée vers un sous-bois situé en contre bas. Là, après avoir essayé de la rabattre pendant quelques temps, j'ai fini par réaliser qu'il y avait peu d'espoir de l'attraper seul (phi ne pouvait m'aider à cause de sa jambe). Bref, notre amie Biscotte s'est échappée... pour la deuxième fois (au moins) puisque je rappelle qu'elle avait été trouvée par Jane sur la route.

Le lendemain, Boguerdan est revenu, mais pour nous annoncer son départ du lieu. La raison de ce départ est fort simple, il n'a jamais eu le projet de vivre en communauté, et a toujours celui de fonder une famille "traditionnelle". Or, rester ici le retardait dans ce projet personnel, à cause d'un certain isolement. Curieusement, nous n'avions jamais abordé ce sujet.
Il est donc reparti avec son camion reprendre sa vie nomade. Un grand merci, donc, à Boguerdan, pour tout ce qu'il a fait au service de Bergerêve, qui relevait donc d'un altruisme certain. Il va bien sûr continuer de participer au projet Ukratio.
Je rappelle à ce propos que l'association Ukratio constitue une sorte de communauté étendue, grâce à la communication que permet internet, surtout maintenant que l'organiseur commence à être fonctionnel... C'est bien sûr cette communauté là qui compte le plus (pour ce projet). L'expérimentation locale de l'économie ucratique nécessite en pratique le développement préalable d'outils informatiques, et cette dernière tâche constitue donc une priorité, à laquelle quiconque bénéficiant d'un ordinateur et de quelques compétences en informatique peut participer, où qu'il soit.

Sinon, ce départ m'a fait pensé à un truc marrant que j'avais lu de la part d'un ancien communautaire qui disait en substance :« les gens quittent les communautés pour deux raisons : soit ils ont trouvé l'âme sœur, soit ils ne l'ont pas trouvée... » :-) Je vois là une explication au phénomène éphémère des communautés du début des années 70. C'était un mouvement de jeunes. Les jeunes ont besoin de se rencontrer en nombre pour se trouver un partenaire... Car même s'il y avait une idéologie "anti-famille-bourgeoise" dans ce mouvement, les conditionnements culturels étaient toujours présents, en profondeur... D'où un hiatus entre les positionnements intellectuels et la réalité comportementale. Et là me semble résider un problème important : pour passer d'un comportement dicté par un conditionnement culturel à un comportement plus réfléchi, il faut avoir réfléchi suffisamment longtemps jusqu'à intégrer émotionnellement toutes les conséquences de sa réflexion. Par exemple, dans mon cas, ça m'a pris un certain temps pour passer à un autre idéal de vie.
Cet idéal de vie relève du projet "harmoniste" (à ne pas confondre avec le projet ucratique). En résumé : partager tout ce qui peut l'être avec ceux partageant avec suffisamment de force l'objectif commun d'un monde plus harmonieux. Cela implique de prendre des décisions ensemble. Cela nécessite donc un travail préalable pour y parvenir sans nuisance ou impression de contrainte pour personne. Bref, c'est donc aussi travailler à cela ensemble. Il s'agit bien, du coup, là aussi, de trouver des âmes-sœurs, mais dans un sens plus proche de l'étymologie (que celui utilisé plus haut)... L'absence de limitation dans le nombre de ces âmes-sœurs, me paraît intéressant également :). L'idée est aussi qu'il me semble plus facile/réaliste d'envisager une vie durablement harmonieuse avec des personnes ayant des dispositions favorables à cela... C'est un projet de famille plus rationnelle, disons (voir le taux d'échec et de souffrance dans les autres familles...)
Un inconvénient de cet idéal de vie, par contre, est que les personnes ayant cette aspiration sont... plutôt rares (à cause de la quasi inexistence de ce modèle et du niveau moyen de réflexion). C'est bien pourquoi, je me suis tourné vers d'autres projets également, comme celui des coopératives ucratiques, qui pourraient n'être que de simples villages avec une économie différente; histoire de faire face à l'urgence et à la gravité des problèmes actuels.

Le problème du lieu ici (Bergerêve) est que, du fait de son exiguïté, il implique une vie en communauté : un seul bâtiment est actuellement habitable.
Cela dit, chacun y est assez autonome, et comme cela a déjà été dit, il y a une grande place laissée à la "méditation" personnelle.
L'intérêt de ce type de regroupement peut être également, le fait de réaliser des économies au service du projet : une personne actuellement locataire économise sa location, une personne propriétaire peut mettre son bien en location etc. On peut parler là d'un intérêt matérialiste à vivre en communauté : en mettant des choses en commun, chacun bénéficie de plus de choses... C'est juste qu'il faut également une certaine "aptitude" ou "volonté" pour que cette vie soit suffisamment agréable humainement.
Le fait d'habiter (ou passer du temps) dans tel lieu permet également plus de choix dans le type d'activité utile au projet que l'on peut faire, en particulier pour ceux ayant des aptitudes plutôt manuelles...
M'a également été signalé un autre intérêt : un cadre plus favorable pour travailler au projet. Cela dit, l'organiseur peut également jouer ce rôle de cadre.
En tout cas, ici, il y a désormais plus de place. ;)

Pour en revenir aux évènements du mois écoulé, le 28, nous nous sommes rendus aux journées tibétaines à Digne, où nous avons suivi l'enseignement d'un moine et la présentation d'un film sur Matthieu Ricard, (en présence de sa réalisatrice). Je commenterai sur ce que m'a apporté cet évènement sur le forum du site harmonisme, qui me semble plus approprié à la question.
D'ailleurs, je conseille vivement à toutes les personnes plus particulièrement intéressées par les fondements philosophiques de l'ucratie, par la pratique de ce que j’appellerais volontiers l'ucratie intérieure, ou même par tout ce qui touche au développement personnel, de s'y inscrire...

Le 29, je reçus un appel à l'aide de Boguerdan, me demandant si phi pouvait conduire et qui me disait être à l’hôpital (à Manosque), et que son camion avait roulé sur sa jambe ou son pied (je ne sais plus trop, vu que nous étions plus pressés de le rejoindre que de discuter au téléphone). Quelques kilomètres de voiture plus tard, je suis quelque peu soulagé de le voir me rejoindre à cloche pied. En fait, il avait entrepris de changer un disque de son camion, et un des crics avait basculé. Heureusement, le deuxième cric a empêché que le camion ne descende trop bas ! Deuxième soulagement en apprenant que la radiographie qu'on venait de lui faire à l'hôpital (où il avait été conduit par les pompiers) ne révélait pas de fracture, et qu'il allait recouvrer rapidement l'usage de son pied. Mais en attendant, il ne pouvait l'utiliser pour actionner l'accélérateur. Ce fut donc pour moi l'occasion de conduire son camion, histoire de l'amener à un endroit plus favorable que celui où il l'avait laissé.
Bon, souhaitons bonne chance à notre voyageur, qui semble maintenant décidé à montrer plus de prudence !