Algosphère devrait publier une présentation publique sur ce thème “illusion de l’ego / conscience étendue”, plus précise que ce que je peux faire pour l’instant. D’autre part un Manuel d’Algonomie (nouvelle science de la souffrance) est en projet, qui devra aussi traiter des “causes” de la souffrance. C’est ici :
docs.google.com/document/d/1wPNA011ImDOzSxOBG7PYqiKHYoAs5LxZ6kNVUvxljb0/editQuelques références bibliographiques (et certaines fois accès aux docs sources) sont données dans l’espace collaboratif du projet de thèse sur “la démonstration de l’illusion de l’ego”, ici :
docs.google.com/document/d/1c1YvwSVy5uO7GLnzmHf4MTWl7okOBagr5ACOyDtpnMA/edit#heading=h.k4bwlxs6edtc Je fais donc très / trop bref dans ce post :
“illusion” de l’ego : il faut comprendre cette expression exactement au sens d’une “illusion d’optique”. De même qu’on est persuadé de “voir” un lac dans le désert, plus on s’en approche plus ce mirage ce dissipe. Il est en de même pour l’ego : on est persuadé avoir quelque part en nous quelque chose d’autonome, une sorte de “pilote dans l’avion”, mais plus on essaie d’approcher ce pilote autonome plus il se dissipe : à la place nous ne trouvons que des enchaînements de cause à effet saupoudrés d’indétermination quantique. Nous sommes des avions sans pilote.
Celle “illusion” de l’ego fonctionne sur le même principe que l’illusion du “libre-arbitre” : les gens sont fermement persuadés de “prendre des décisions”, de “faire des choix”. Mais s’ils se donnent la peine de s’approcher de ce qu’est un “processus de décision”, de l’analyser rationnellement, ils ne trouveront qu’un flux de conscience qui, telle une rivière, coule de droite et de gauche en fonction de la pente de leur cerveau (pente qui elle-même provient de l’histoire de ce cerveau, et cette histoire a une histoire etc). Une façon de conduire cette analyse est de regarder précisément comment fonctionne un ordinateur pour “prendre des décisions”, par exemple dans une partie d’échec : à la base tout tient à un dispositif physique de “bifurcation” inscrit dans ses composants. Dira-t-on qu’une rivière qui coule de droite et de gauche “prend des décisions” ?
Et comprendre que le libre-arbitre est une illusion (d’optique) nous délivre instantanément de toutes les souffrances qui prennent leur source dans le sentiment de “culpabilité”, c’est à dire un gros paquet ! On peut d’ailleurs utiliser cette démarche rationnelle d’éveil à l’illusion du libre-arbitre comme une véritable thérapie cognitivo-comportementale. J’insiste sur le fait qu’il s’agit là d’une démarche parfaitement rationnelle.
Donc, en amont de “l’attachement” il y a “l’illusion de l’ego” : l’attachement n’est pas cause première, c’est l’illusion de l’ego qui génère cet attachement.
On peut certes améliorer son altruisme par une démarche “affective”, “cultiver le sentiment d’amour universel”, mais il est beaucoup plus puissant d’adopter une démarche rationnelle de dissipation de l’illusion de l’ego. Si l’on veut garantir une réplication mémétique à long terme d’une éthique de non-souffrance, c’est même indispensable.
En effet, si l’on comprend rationnellement pour quelle raison notre sentiment intuitif d’avoir un ego est basé sur une illusion de l’esprit (résultat de l’évolution des espèces car cette illusion de l’esprit, purement instinctive, est un avantage évolutionnaire : qu’on songe aux pathologies reposant sur l’absence de “conscience de soi” comme la schizophrénie, la dépersonnalisation etc), alors nous comprenons que derrière l’illusion d’un ego autonome il y a en fait un flux de conscience pouvant ressentir de la souffrance : et si nous trouvons rationnel de vouloir alléger “notre” souffrance (ce que les gens font toute la journée), alors nous trouverons rationnel de vouloir alléger toute conscience de souffrance dans le cosmos (sinon il serait irrationnel de vouloir alléger “notre” souffrance). C’est cela la conscience étendue, comprendre que si nous voulons alléger “notre” souffrance (“notre” étant une illusion mais pas la souffrance par contre), alors nous devons rationnellement donner autant d’importance à toute souffrance éprouvée dans le cosmos, car c’est aussi la “notre”.
Cette conscience étendue, déduite d’une démarche totalement rationnelle, est beaucoup plus puissante que les démarches “affectives - sentiment d’amour”, bien que toutes ces démarches se complètent et ne soient pas concurrentes. À partir du moment où quelqu’un accède rationnellement à la conscience étendue, alors il est rationnellement “obligé” de se consacrer autant à toute souffrance du cosmos, notamment les souffrances des générations futures, qu’à la “sienne”. C’est la raison pour laquelle diffuser la conscience étendue est un facteur clé de succès de la réplication mémétique à long terme d’une éthique de non-souffrance : toute personne qui accède à cette conscience universelle va faire son possible pour que cette éthique se réplique durablement, afin d’alléger rationnellement les souffrances de “ses vies futures” ! Et cela peut s’enseigner dès l’école, de façon tout à fait rationnelle, comme les mathématiques… Dommage qu’un tel savoir soit exclu des programmes universitaires de philosophie dans la plupart des pays occidentaux !
Pour finir, il y a en effet une vraie difficulté pour les individus à s’approprier / intégrer en profondeur ce savoir sur l’illusion de l’ego et la conscience étendue, car la “conscience de soi”, d’un soi illusoire, résulte d’une très longue évolution des espèces : il est beaucoup plus efficace en terme reproductif, à un certain stade de l’évolution des espèces, d’être équipé de cette “conscience de soi”. Cette conscience de soi est un puissant sentiment instinctif dont nous ne pouvons pas nous débarrasser complètement (sous peine de tomber dans certaines pathologies). L’évolution des espèces sélectionnent des caractéristiques qui ont pour effet de favoriser la reproduction de la génération suivante, et non d’alléger la souffrance ! L’évolution des espéces a donc mis en place un mécanisme, la “conscience de soi”, qui est à la source de toute souffrance...
Nous pouvons simplement utiliser notre raison pour comprendre ce mécanisme et l’illusion de l’ego qu’il génère, de façon à limiter les dégâts (par exemple en construisant des sociétés sans monnaie), sans pouvoir l’éteindre tout à fait (sauf à supprimer toute conscience de soi).
Mais l’effort crucial, l’investissement le plus important que nous devons faire si nous voulons alléger durablement la souffrance dans le cosmos, c’est de former tout être doué d’une cognition suffisante à l’illusion de l’ego et à la conscience universelle... dès la maternelle !