Vient ensuite la recherche des causes. Celles-ci sont généralement multiples, et il convient donc de faire un inventaire aussi complet que possible.
Un malaise a toujours au moins une cause interne et une cause externe. La première se situe dans l'esprit du sujet, et la seconde, dans son environnement.
Or, généralement, nous nous focalisons exclusivement sur la cause externe, ce qui favorise les conflits. L’analyse rationnelle déterminera s’il convient d’agir sur la cause externe ou sur la cause interne. Souvent, il conviendra d’agir sur les deux.
Prenons quelques exemples simples.
1- Je ressens une violente douleur dans le pied. Quelqu’un appuie son pied sur le mien.
Dans ce cas, la cause interne est simple : des terminaisons nerveuses m’avertissent d’un danger pour mon organisme. La solution rationnelle est d’agir rapidement sur la cause extérieure : en retirant mon pied (si c’est possible) ou en demandant à la personne de cesser de me marcher dessus !
2- Une personne me parle sans arrêt pour dire des choses évidentes et répète souvent les mêmes idées. Il s’agit d’une gêne légère que je pourrais supporter sans problème si cela ne durait qu’une heure ou deux, mais je devrais fréquenter longtemps cette personne (vivre en communauté avec elle, par exemple).
Là encore, il n’y a pas lieu d’agir sur la cause interne (sauf pour conserver un certain calme), car cette situation nuit objectivement à mon souhait d’utiliser mon temps d’une autre façon. Je me dis encore que si je ne fais rien, il y a un effet « cocotte minute » à prévoir. Je me dis également que le comportement de cette personne peut être désagréable pour d’autres. Je décide donc d’expliquer le problème à la personne « bavarde », puis, si elle le souhaite, de l’aider à s’améliorer.
3- Je me sens mal suite à une remarque d’un interlocuteur. Au lieu de céder à l’instinct punitif, à la fuite ou à l’inhibition, j’ai le réflexe de me calmer, et d’observer ce qui se passe en moi : « d’où vient la souffrance ? », « quel besoin est concerné ? », « quels souvenirs sont réactivés ? » etc.
Dans ce cas, l’action externe, consistant à demander à la personne de ne plus me faire ce type de remarque à l’avenir est délicate, car elle peut enclencher un conflit. En outre, certaines remarques, même désagréables, peuvent être utiles en soi…
L’action, ici, doit donc d’abord porter sur soi-même, car elle est relativement facile (même si elle peut prendre un certain temps) et j’en retirerai un bénéfice important : une réduction définitive de ma sensibilité à la souffrance.
Grâce à cette démarche, il y a progrès personnel. C’est toujours par action sur les causes internes, que l’on progresse.
Ainsi, ceux qui nous font souffrir nous donnent l’occasion de croître en sagesse.
Pour quelqu’un qui souhaiterait lutter activement contre la souffrance dans le monde, un tel progrès est particulièrement nécessaire, car il devra affronter la violence. De plus, en pratique, il n’est guère possible de demeurer dans un « cocon », on n’a pas le choix…
Ainsi, celui qui fuit la souffrance, qui s’en protège systématiquement, se maintient dans l’incapacité de vivre serein et heureux. Il n’apprend rien. Il se condamne à être la proie perpétuelle de la frustration, de la vexation, de la colère, de la peur, de l’ennui etc. Bien sûr, comme nous l’avons vu, il y a des cas où la fuite est nécessaire : si l’environnement est vraiment trop violent par rapport à notre capacité à l’affronter. Mais il ne doit s’agir alors que d’un repli stratégique, d’une façon de se protéger pour reprendre des forces. Une jeune plante a besoin de protection, mais pas trop : elle doit pouvoir s’exercer à affronter le monde à la mesure de ses capacités, lesquelles vont croître. La protection doit donc aller en décroissant en fonction des progrès accomplis.
Voici donc un moyen pour être de plus en plus heureux :
A chaque fois que je ressens un malaise.
Se rappeler la procédure en cinq étapes qui vient d'être évoquée au moins une fois par jour (pendant au moins un mois), et essayer de la mettre en œuvre le plus souvent possible.
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