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Une société plus juste et agréable

Une autre présentation de l'épum est disponible ici

Voeux

Ce qui serait bien, c'est qu'il n'y ait plus de chômage. Plus précisément, que chacun ait l'assurance d'avoir rapidement le revenu de son choix, avec la condition éventuelle, bien sûr, de devoir fournir un travail en rapport. Il n'y aurait plus alors l'angoisse du chômage, la peur du manque, de la déchéance sociale, que nous connaissons aujourd'hui. Peur, qui rend la majorité dépendante (pour ne pas dire esclave) d'une minorité de privilégiés.
Chacun pourrait par exemple, à tout moment, facilement démissionner d'une activité pour en choisir une autre qu'il préfère, sans crainte pour sa sécurité matérielle.

Alors, il n'y aurait plus obligation de se soumettre à quelqu'un (un patron ou un client) et la compétition économique serait moins âpre...

Ce qui serait bien, également, c'est un système plus juste, où la rémunération de chacun soit proportionnelle à la quantité de son travail, l'utilité et la pénibilité de sa tâche. À ceci près bien sûr, que seraient également prises en compte les inégalités indépendantes de la volonté des personnes : celui qui n'est pas apte à travailler (pour cause de maladie, par exemple) verrait ses besoins pris en charge gratuitement. C'est la notion de « sécurité sociale » (déjà plus ou moins en place dans certains pays).
Ainsi, il n'y aurait plus de ces injustices qui nourrissent la jalousie, le ressentiment et la violence.

Alors, il n'y aurait plus d'exploitation de l'homme par l'homme.

Et ce serait bien aussi, une économie qui garantisse une bonne qualité de l'environnement, la survie de l'espèce...

Proposition

La question est : « souhaite-t-on cela, ou préfère-t-on la situation actuelle ? ».

Et si on préfère vraiment cela, il faut s'activer les neurones, ne pas se reposer sur un éventuel sauveur, ni même sur les autres en général. Il ne suffit pas de dire : « on va se réunir ensemble », « les générations suivantes décideront », comme cela a trop souvent été fait. Il faut réfléchir, là tout de suite, à « comment ça pourrait fonctionner », faire des propositions et les discuter. Proposer n'est pas imposer ! Il faut prendre ses responsabilités, faire sa part.

Puis, si on a trouvé des solutions crédibles, il faudra faire ce qu'il faut pour que les choses changent. Il va s'agir, évidemment, de s'organiser autrement. Et, la perfection n'étant pas de ce monde, la nouvelle organisation présentera sans doute quelques petits inconvénients. La question sera donc de savoir si elle est globalement préférable à l'actuelle

Et si les bénéfices l'emportent largement, il n'y aura pas à tergiverser, juste à se mettre au boulot...

Donc allons y ! Voyons comment cela pourrait fonctionner (une économie juste, sans chômage etc.)

Revenus inconditionnels ?

On peut envisager d'accorder automatiquement un revenu identique à tout le monde, évidemment indexé sur la production totale (ça paraît logique). Sauf que la vaillance n'ayant aucune raison d'être la même chez tout le monde, de fait, les plus altruistes travailleront pour les plus fainéants, globalement ; et la motivation risque fort de manquer, du moins pour les activités les plus pénibles ou les moins passionnantes, éventuellement vitales. De sorte que ce système est non seulement injuste mais aussi dangereux.
C'est encore pire, avec des salaires à vie, liés à une éventuelle qualification, si aucun travail n'est exigé (en retour).

L'idée d'un revenu de base suffisant pour vivre avec nécessité de travailler pour avoir plus est également problématique, car si les gens ne sont pas suffisamment matérialistes, le peu qui travailleront, devant nourrir tous les autres, seront lourdement taxés, d'où un effet dissuasif, et donc, là encore, un risque non négligeable de pénurie...
Ces systèmes peuvent fonctionner, mais avec un risque d'échec grave (nous parlons ici de famines de grande ampleur), d'autant plus important qu'il restera beaucoup d'égoïsme et de pénibilité pour certaines tâches utiles. D'où l'intérêt de trouver autre chose.
D'autant que, plus il y a de propositions, mieux c'est.

Quelle utilité ?

Par souci de justice et d'efficacité, il importe donc de conditionner le revenu au travail, et plus précisément, à l'utilité de celui-ci. Car même s'il est très pénible, on ne voit pas trop l'intérêt de rémunérer un travail parfaitement inutile (au contraire). Mais comment définir cette utilité ?

On peut la définir comme un accroissement de bien-être. Plus un travail accroît fortement le bonheur d'un grand nombre et pendant longtemps, plus il est utile. Et on pourra considérer également que la réduction d'une grande souffrance compte plus qu'un accroissement de même amplitude d'un bonheur déjà positif. L'idée serait donc, d'accroître équitablement le bien-être (c'est-à-dire, en commençant par la réduction des plus grandes souffrances). Évidemment, le bonheur de chacun compterait autant.
Donc, oui, il y a bien une définition universelle de l'utilité, sur laquelle on peut se mettre d'accord.
Et l'on voit qu'un tel système motiverait tout le monde dans le bon sens, accroissant, par construction, le bonheur…

Économie de marché ? Capitalisme ?

On pourrait penser que le système actuel répond plus ou moins à ce critère de rémunération de l'utilité du travail. En fait, même si certains mécanismes vont dans ce sens (heureusement d'ailleurs), c'est globalement, très loin d'être le cas, pour au moins huit raisons.

1- Dans le système actuel, le bonheur des plus riches est favorisé par rapport à celui des autres, tout simplement parce qu'il vont payer plus facilement et plus largement le moindre service (puisqu'ils peuvent se le permettre), tandis qu'à la limite une personne trop pauvre, elle ne peut pas payer.
Cela qui va clairement à l'encontre de la notion d'utilité telle que nous l'avons définie (d'autant que les plus pauvres sont généralement ceux qui sont dans les plus grandes souffrances).

2- Lors d'une négociation sur un prix (un salaire, le montant d'une prestation etc.), le plus égoïste, le plus âpre en affaires, le plus manipulateur est de fait avantagé. Cela fausse, là encore, l'évaluation de l'utilité, d'autant les plus égoïstes, auquel est donné le plus de pouvoir ici, ne sont pas, par définition, les plus utiles au bien commun, globalement...

3- La détention de certaines informations, d'un certain réseau de contacts ou de tout autre pouvoir particulier peut créer un rapport de force dans la négociation, qui va avantager son détenteur.
C'est ce qui explique, par exemple, la prospérité des marchands au dépend de certains producteurs (dont l'activité est pourtant souvent plus utile et pénible).

4- L'économie du marché privilégie les apparences et (ce qui va un peu avec) la manipulation. Cela ne correspond généralement pas à l'utilité.
C'est ainsi que sur les étales, on va trouver des fruits beaux, volumineux, mais pas forcément riches en vitamines, par exemple. C'est ainsi, également, qu'on a un développement considérable du secteur publicitaire, qui ne correspond pourtant pas à une véritable utilité.

5- Ce système surestime également le plaisir à court terme par rapport au bonheur à long terme. Car le comportement consommateur des gens est loin d'être rationnel, tout simplement.
On peut noter, par exemple, que le trafic de drogue, dont l'utilité est pour le moins discutable, est très rémunérateurs, à cause du phénomène de dépendance, bien sûr. On peut noter également qu'il est plus facile de faire fortune dans le divertissement que dans l'éducation...

6- Certaines personnes, par chance ou intrigue, peuvent aujourd'hui bénéficier de biens, sans que cela ne rémunère un travail. Cela découle pour l'essentiel du droit accordé au détenteur d'un bien de le transmettre ou de le prêter indépendamment d'un quelconque service rendu par le bénéficiaire. C'est ce qu'on appelle la nue-propriété ou abusus.
De là, bien sûr, l'inégalité de naissance due à l'héritage.

7- Même si un nu-propriétaire a « mérité » son bien, en le payant à un juste prix ou en le fabriquant lui-même, le revenu qu'il va tirer d'une éventuelle location de celui-ci n'aura aucune raison d'être limité au remboursement de son investissement initial. En effet, tandis que le travail nécessité pour l'acquisition du bien a une valeur fixe, le revenu de location, lui, est proportionnel à la durée de celle-ci (qui n'est pas limitée).
De là le problème du parasitisme des rentiers, et autres actionnaires.
Le problème réside ici dans ce qu'on appelle le fructus, droit en vertu duquel il est possible de tirer un revenu de la possession d'un bien, fructus et abusus étant à la base du concept de capitalisme.

8- Signalons enfin que les générations futures étant absentes des négociations (sur les prix), pour des raisons aisément compréhensibles, leurs intérêts n'interviennent pas dans celles-ci.
Ce pourquoi, le modèle économique actuel, leur réserve un bien triste sort...

Ces différents points montrent que cette juste rémunération du travail à laquelle nous aspirons ne peut être réalisée en économie de marché, et encore moins, en économie de marché capitaliste.
Donc, comme on pouvait s'y attendre au vu de l'importance et de l'ancienneté des injustices et de la violence, il va falloir accepter des changements dans notre mode de fonctionnement

Un véritable changement

Si l'on aspire à une économie un tant soit peu juste, il faut maîtriser la distribution des biens (et de l'argent).
La meilleure façon de réaliser cela consiste à établir des règles connues de tous (ce que nous avons partiellement fait, en définissant l'utilité) et à s'assurer qu'elles soient respectées. Et pour ça, il faut concrètement, un contrôle démocratique. Nous reviendrons plus en détail, tout à l'heure, sur les modalités de contrôle.

On voit déjà que cela implique l'abolition de la nue-propriété. Les gens ne seraient qu'utilisateurs provisoires des biens (dont ils disposent), sans pouvoir de transmission. Bref : tous locataires, (mais, comme on va le voir, avec des montant de location très inférieurs à ce qu'on connaît actuellement, car ne correspondant qu'à l'usure effective des biens).
Concrètement, chacun paierait pour l'usure du temps prenant en compte le coût de production du bien (c'est la notion d'amortissement), mais aussi pour l'usure correspondant à l'usage particulier qu'il en aura fait. L'état du bien sera contrôlé avant et après utilisation (par chacun). Ainsi, en cas de casse ou de perte, le détenteur paierait pour cela, normal… Après, on peut bien sûr atténuer le coût selon la part de responsabilité de la personne (mutualisation des risques)...

Le détenteur pourra être appelé gardien, ce qui le portera à la responsabilité plutôt qu'à une prédation (contrairement à aujourd'hui, où l'on parle d'appartenance : ce qui signifie « faire partie de » : comme lorsqu'on ingère quelque chose, une prédation...).

On peut donc s'attendre à ce que, dans ce nouveau système, chacun prenne soin, plus encore qu'aujourd'hui, des biens qui lui seront remis.…

L'illusion de la propriété

Le système actuel, en plus d'opérer cette identification égotique du possédant à ses biens (de « prédation »), fait que les possessions de chacun sont pour lui, tout à fait objectivement, une source précieuse de liberté. Du coup, cela rend chacun jaloux de ses possessions.
De sorte que si je souhaite jouir d'un bien qui n'est pas à moi (ce qui est le cas de l'immense majorité des biens disponibles), je dois passer par l'autorisation d'un propriétaire jaloux… (vous voyez le problème…) Tandis que dans le système que nous envisageons ici, je participerai moi-même à cette décision d'attribution, et comme elle est provisoire, j'aurai plus de chances d'obtenir ce que je souhaite. Bref, on y serait plus libre qu'actuellement.

Notons que le droit d'usage exclusif d'un bien, appelé usus en droit latin, est souvent humainement souhaitable, pour des raisons de tranquillité par exemple, et que nous ne le remettons pas en cause. Il n'en va pas de même du fructus et de l'abusus qui ne correspondent à aucun besoin véritable et sont, comme nous l'avons vu, des sources d'injustices.
Le problème est que ces trois concepts que sont l'usus, le fructus et l'abusus sont habituellement amalgamés, par un même concept : la propriété, de sorte que dans l'économie actuelle, les gens s'attachent tout naturellement à ce dernier concept, sans percevoir que la réduction de la propriété à l'usus pourrait les rendre globalement plus libres. Il faut, en effet, un surcroît de réflexion pour accéder à cette prise de conscience (auquel j'essaie d'ailleurs de participer, comme on l'aura compris).

Des transactions facilités

Il n'y aura donc plus de transaction inter-individuelle (matérielle du moins) : c'est la collectivité qui sera souveraine en matière d'attribution des biens (et des rémunération). Collectivité dont les décisions ne seront pas arbitraires puisque fondées sur le bien commun (qui est aussi le mien, par définition).

Évidemment, une personne qui ne souhaite plus faire usage d'un bien, pourra le rendre à tout moment à la collectivité, et de même, elle pourra acquérir celui qu'elle souhaite (en payant éventuellement une location pour cela). La transaction (certes plus inter-individuelle) sera encore plus facile qu'aujourd'hui, où il faut souvent attendre longtemps l'acheteur éventuel, sans parler du frein à la transaction que constituent les coût de publicité, les cupidités des protagonistes, ou simplement le manque d'information concernant l'existence et la localisation des différents bien. D'où une meilleure utilisation des biens au service du bonheur général

Évaluation des utilités

La principale difficulté à laquelle nous sommes confrontés est d'évaluer l'utilité des activités productives ? Bien sûr, il ne saurait être question de perfection (cette dernière n'étant pas de ce monde). Or, comme on va le voir, on peut facilement faire mieux que le système actuel…

Salaire horaire unique ?

On pourrait être tenté, afin de simplifier un peu les choses, par l'idée de rémunérer seulement la durée de travail : même salaire horaire pour tout le monde. Mais on voit bien que ce ne serait pas très juste, parce que toutes les activités ne sont pas également pénibles, ni utiles… mais aussi parce que les performances au travail sont très variables, on peut se laisser aller à se reposer sur son temps de travail, et une certaine injustice ne manquera pas de se faire jour entre les plus vaillants et les plus fainéants ; cela ne favorisera pas vraiment la motivation et la productivité d'où un risque de pénurie (comme on l'a déjà vu avec les salaires inconditionnels)…

Productivité et productivisme

En économie de marché capitaliste, pour des raisons aisément compréhensibles, l'accroissement de productivité se fait souvent au détriment de la qualité de l'environnement, des produits eux-mêmes et du bien-être des producteurs, en particulier des employés lorsqu'il sont payés au temps. De plus, il sert surtout les intérêts des plus riches, en aggravant le chômage.
Mais dans le nouveau contexte que nous envisageons ici, la productivité ne présenterait plus ces inconvénients… Il ne faut pas la confondre avec le productivisme : il ne s'agit pas de produire beaucoup, mais de réduire la peine pour une production donnée. Donc à moins d'être masochiste…
Par ailleurs, le productivisme serait également réduit, indirectement, par la réduction de la publicité, mais surtout directement, du fait de l'objectif poursuivi (le bonheur réel à long terme)...

Modalités d'évaluations

Dans de nombreux domaines, la productivité est facile à évaluer : en particulier, on peut payer à la pièce. C'est clairement plus juste. Celui qui travaille plus vite, peine plus, ou même si ce n'est pas le cas, récompenser la productivité invite à une plus grande utilité de chacun (et donc, par construction, à un plus grand bien-être de tous). Il est d'ailleurs tout à fait respectable de préférer travailler plus tranquillement, à son rythme, mais il est normal, alors d'avoir alors un salaire horaire moindre. C'est au travailleur de ne pas être cupide au point de se surmener au travail

Dans certaines activités (généralement plus « intellectuelles »), par contre, l'évaluation d'utilité est souvent plus difficile (nécessitant parfois un certain délai).
On pourra donc ajouter, dans ces cas, à un salaire horaire fixe, des primes récompensant une performance (dès que celle-ci est avérée). On peut par exemple évaluer l'importance et l'utilité d'une découverte scientifique, l'accroissement de compétences d'étudiants, l'amélioration de santé de patients, la satisfaction de bénéficiaires de services… en réalisant des sondages appropriés

On peut mettre en place, pour ça, des jurys évaluant l'utilité des différentes réalisations ou œuvres de l'esprit. Ce sera toujours mieux qu'une rémunération basée seulement sur un nombre d'acheteurs…

Et on peut aussi envisager qu'un recours soit possible contre une évaluation considérée comme injuste, un peu comme cela se fait déjà dans le domaine de la justice. Une réévaluation serait toujours possible en cas de survenue de nouvelles informations.

Bref, on voit qu'il est facile de faire beaucoup mieux que le système actuel en matière d'évaluation des utilités, en prenant mieux en compte la préservation des ressources naturelles en particulier et le bonheur à long terme en général...

Il faut voir aussi que de nombreuses évaluations de productivité se font déjà dans le monde du travail… Ce qui constitue donc un savoir faire et des infrastructures dont on pourra bénéficier.

Se pose également la question des études : on fait quoi avec les professions nécessitant de longues études. Ces dernières, en effet, sont souvent invoquées pour justifier des salaires horaires plus élevés, mais cela revient à introduire le biais capitaliste : on ne peut récompenser un travail d'une durée fixe (les années études) par un revenu potentiellement illimité. Le mieux serait sans doute de rémunérer les études (avec obligation d'un certain résultat : les années redoublées ne seraient pas payées, par exemple). La rémunération du professionnel ne prendra plus en compte ses études, directement du moins, mais seulement son utilité (avec un facteur de pénibilité éventuel).

Le chômage éliminé

Abondance du travail

Un tel système, comme on va le voir, présenterait également l'avantage de supprimer le problème du chômage.
En effet, le travail, au sens d'activité utile, ne manque pas, il n'est pas limité. Aujourd'hui, ce n'est pas le travail qui manque, donc, c'est l'argent pour le payer…
Aujourd'hui, le chômage est même inévitable en pratique, car l'emploi est créé par les dépenses des ménages, et rien ne peut garantir que ces dépenses créent suffisamment d'emplois. Une tendance à l'épargne, par exemple, induit tout naturellement un chômage massif.

Adaptation de la production à la demande

Un aspect positif du système actuel est qu'il force l'adaptation de la production à la consommation, puisque si une production n'est plus souhaitée par ses clients, l'entreprise va devoir modifier sa production (si elle ne veut pas perdre de l'argent), et souvent licencier, voire faire faillite. C'est comme ça que se fait cette adaptation : licenciements et faillites sont une modalité normale du fonctionnement du système actuel. Sauf que ce mode d'ajustement est un peu violent, à cause du chômage, en particulier. Il suffirait d'anticiper suffisamment la demande pour limiter les dégâts. Or, c'est ce que l'on ferait dans le système envisagé ici.

Dans ce système, les achats et intentions d'achat seraient recensées, de façon à dégager les tendances.
Ce serait facile du fait de la centralisation des données. Il suffirait, en gros, d'observer l'évolution des stocks : s'ils augmentent, il y a risque de surproduction, s'ils diminuent, il y a risque de pénurie...
En cas de risque de surproduction dans un domaine donné, les personnes concernées seraient invitées à se reconvertir vers d'autres activités, et en particulier vers celles où il y a un risque de pénurie. Bien entendu, une telle reconversion n'est pas toujours possible rapidement car tout le monde ne possède pas toutes les compétences. Seuls ceux qui auraient les compétences éventuellement nécessaires pourraient rapidement s'enrôler dans un secteur en demande. Mais tout le monde serait incité à rejoindre ces secteurs, de sorte que des postes des personnes les rejoignant seront libérés pour d'autres (ceux des secteurs en surproduction qui n'avaient pas les compétences pour rejoindre directement un secteur en pénurie, par exemple).
De plus, des formations appropriés pourraient être mises en place ou intensifiées (pour les compétences manquantes).

Bien-entendu, ceux ayant accepté de changer d'activité pour participer à cette adaptation de la production percevront une prime, correspondant à l'utilité de ce changement... Tandis qu'une activité qui ne serait plus utile cesserait d'être rémunérée...

Redéploiement vers l'intérêt général

Il n'y aurait pas non plus de risque de chômage par sous-consommation globale. Risque qui croît dangereusement de nos jours à cause de la conjonction de trois phénomènes : premièrement : le progrès technique (qui induit un accroissement général de productivité), deuxièmement, l'avidité de chacun, qui n'incite pas au partage du temps de travail, et enfin des nécessités écologiques, en vertu desquelles la consommation ne peut s'accroître indéfiniment).
Ce problème ne se posera plus, dans notre système, car les activités pourront toujours être redéployées vers des secteurs ne répondant pas à des consommations individuelles précises mais apportant un bénéfice global (ce qui correspond aujourd'hui au secteur public).
Ainsi, il n'y a pas de numerus clausus dans le secteur de la recherche : car tout progrès peut être utile, dans le secteur de l'enseignement : plus d'encadrement des étudiants est toujours bénéfique, de la médecine : on peut toujours améliorer la santé, de la police : on peut toujours améliorer la sécurité, dans la protection de l'environnement, dans l'embellissement de paysage etc.
Un tel « redéploiement » n'est pas possible aujourd'hui, ou du moins, fortement entravé, car l'argent ne pouvant être créé sous peine d'inflation, il doit donc venir de la poche de ses détenteurs, pas forcément favorables à une imposition trop forte (ou qui s'arrangent pour y échapper, du côté du Panama). Et il n'y aurait pas de risque d'inflation car nous ne serions plus en économie de marché : ce n'est pas la négociation inter-individuelle qui fixerait les prix (l'avidité des vendeurs alimentant l'inflation), mais un calcul basé sur le travail : le prix d'un produit correspondant à la somme des coûts liés à sa production (ce qui inclut les rémunérations de ses producteurs).

Une économie vraiment sûre

On pourrait craindre peut-être un risque de pénurie dans l'hypothèse où le désir global de consommation serait trop faible et où il y aurait une préférence pour les secteurs économiques non vitaux. Mais c'est oublier qu'on peut toujours jouer sur les salaires : ceux dans les secteurs non concernés par la pénurie pourraient être alors globalement réduits, de façon à inciter les gens à participer aux productions en demande… Cela sera sous doute suffisant. Si ce n'est pas le cas, les dites activités peuvent être rendues obligatoires : chacun devant accomplir sa part, qui sera tellement minime, qu'il l'accomplira volontiers. Bref, pas de problème : ce système assure une très grande sécurité matérielle pour tous (bien mieux que l'actuel).

Dans ce nouveau système, le progrès technique au lieu d'induire du chômage, ne sera plus qu'une source de bien-être et de même, la monnaie, un outil au service de la liberté et de justice sociale.

L'initiative encouragée

Dans ce système, la notion d'entrepreneuriat ne disparaîtrait pas complètement. Ainsi, quiconque a une idée de production ou service dont il pense qu'elle pourrait être plébiscitée par suffisamment de « clients », pourra, s'il le souhaite et en a les compétences, conduire les opérations nécessaires pour cela, ou, plus généralement, occuper un emploi dans l'activité qu'il aura ainsi initiée. Et notre porteur de projet sera alors rémunéré pour cette dernière activité, mais aussi, directement pour son idée, en se basant sur le nombre et la satisfaction des clients ainsi que d'éventuels impacts écologiques ou sociaux.
Bref, l'initiative, dans ce système, serait favorisée.

Dans les cas où un investissement matériel est nécessaire (à la nouvelle activité), cet investissement serait tout naturellement financé par la collectivité. On remarque donc que l'initiative sera plus facilitée qu'actuellement, où la frilosité des prêteurs est souvent un obstacle au bien commun.
Bien sûr, dans de cas, pour limiter des investissement injustifiés, la décision de lancer l'activité sera alors prise collectivement (en faisant, en particulier, des sondages pour vérifier si la demande et l'utilité sont bien au rendez-vous).

Et la facilitation de l'initiative ne s'arrête pas là : seront également permises et récompensées, les initiatives dans les secteurs d'intérêt général (le « public »). Et la personne pourra, là encore, mais ce n'est pas une obligation, effectuer le travail dont elle aura elle-même repéré l'utilité (plutôt que consulter des emplois déjà proposés par d'autres).

On voit donc qu'il n'y aura pas que du salariat, mais aussi tout un système de rémunération des activités, initiatives, services ou simples idées en général !

Et chacun pourra avoir aussi une large gamme d'activités différentes, si cela lui convient. Il aura une grande liberté dans la gestion de son emploi du temps, bien plus grande en tout cas, que celle que vivent aujourd'hui la plupart des gens.

Du coup, à la limite, il n'y aura plus de bénévolat, puisque toute activité utile sera automatiquement rémunérée sur la base de son utilité. Le bénévolat est, d'ailleurs, de nos jours souvent bien plus utile, que nombre d'activités rémunérées…

L'altruisme valorisé

L'idée est de mettre en place un système d'évaluation de l'utilité de chacun. Ainsi, une initiative pourra être récompensée a posteriori, sans qu'elle ait forcément été accomplie dans ce but. De sorte que certains pourront même ne plus avoir à se soucier de leur revenu s'il sont suffisamment actif et altruistes spontanément (et/ou pas trop matérialiste).

Et comme rien n'oblige à dépenser l'argent que l'on gagne, la disparition du bénévolat ne signifierait pas la fin de l'altruisme, bien au contraire...

Notons que lorsqu'une personne dépense son argent dans une consommation, elle réalise un acte que l'on peut qualifier d'égoïste, puisque ce sont d'autres personnes qui ont travaillé pour elle : elle reprend à la société, d'une certaine façon, le travail qu'elle a accompli pour acquérir cet argent.
Il apparaît donc que la somme d'argent sur le compte de quelqu'un, dans ce système juste, représentant ce qu'il a apporté moins ce qu'il a consommé, mesure son apport net à la société. C'est donc une mesure de son altruisme (la somme de ses altruismes passés, plus exactement).

Gagner de l'argent dans le but de le dépenser relève de l'égoïsme, ce à quoi tout le monde est incité aujourd'hui. Dans ce système, une personne altruiste chercherait à travailler plus et à dépenser moins. Et un avantage de ce système est qu'il rend visible, avec une certaine précision (certes relative) l'altruisme de chacun, contrairement à l'actuel qui est souvent trompeur sur cette question...
On peut envisager, en effet, dans ce système, que l'argent accumulé par chacun ne soit pas un secret (quel intérêt, pour quiconque est honnête ?) et que la détention d'argent (et surtout pas sa dépense) soit valorisée comme une forme de réussite sociale, qui serait représentative de l'altruisme de la personne.
En particulier, l'argent resté sur le compte de quelqu'un au moment de sa mort, serait représentatif de son apport total à la société. Comme on l'a vu, il ne pourra être transmis. Il demeurera seulement dans les mémoires, comme fierté de ses proches, et exemple pour tout le monde.

Il serait d'ailleurs judicieux de ne pas appeler ça de l'argent, mais simplement des points d'utilités.

L'altruisme sera plus favorisé qu'aujourd'hui, aussi, par le simple fait que l'égoïsme sera moins sollicité : diminution de la peur du chômage, des défiances liées à la compétition, impossibilité d'un enrichissement facile au dépend d'autrui. Et les inégalités seront moindre, typiquement (une journée n'ayant que 24 heures), celles qui subsisteront étant de plus légitimes.

Ce système aiderait d'ailleurs les altruistes à mieux orienter leurs actions : en choisissant les activités les plus utiles.
En outre, une action nuisible, à l'inverse d'une action utile, pourrait être déduite du solde monétaire de la personne concernée (lequel peut bien sûr être négatif). On retrouve là, la notion d'amende, mais d'une façon plus juste et positive du point de vue éthique et relationnel.

Le pouvoir encadré

Parmi les activités des secteurs d'intérêt général, certaines doivent faire l'objet d'un soin particulier, pour éviter la fraude, l'injustice et toute dérive liée au pouvoir. Il s'agit des activités d'économe : détermination des utilités, des prix, gestion des stocks, diffusion des informations, mais aussi des activités de prise de décisions collectives en général, de police et de justice.

Pour cela plusieurs mesures peuvent être adoptées.
La plus importante serait sans doute, à mon avis, l'obligation pour les « fonctionnaires » concernés de respecter un cahier des charges bien précis (lié à la définition de l'utilité, en particulier) dans leurs prises de décisions. Cette contrainte étant évidemment accompagnée d'une surveillance, d'une grande transparence. Or, celle-ci peut être tout à fait satisfaisante de nos jours, grâce au développement des nouvelles techniques de communication. Tout non respect du cahier des charges serait bien entendu sanctionné (ne serait-ce que par une destitution). Cela rejoint les notions de constitutionnalité et de mandat impératif (et surtout, plus précisément, d' « ucratie »!)

De plus, certaines tâches décisionnelles pourront être occupées par roulement par l'ensemble de la population (présentant les compétences éventuellement nécessaires), plutôt que choisies par leurs exécutant. Ainsi, il n'y aurait plus d'élection, ou du moins de gens qui se présentent à des élections, plus de carrière de politicien et encore moins de dictateurs et autres apparatchiks.

Il n'y aurait plus (ou le moins possible en tout cas) de pouvoir discrétionnaire individuel, ce qui rejoint la notion d'anarchie au sens étymologique : l'ordre sans le pouvoir.

Notons que les économies de type socialiste ayant à ce jour été expérimentées à grande échelle, faute d'un soin particulier dans ce domaine, ont généralement souffert de telles dérives liées au pouvoir. De là, la plupart des échecs qu'elles ont essuyées, y compris sur le plan économique (où le nombre de décisions à prendre s'accorde mal avec la notion de hiérarchie pyramidale).

Bref, on voit donc qu'il est parfaitement possible d'offrir de bonnes garanties que les décisions prises soient bien conformes à l'idéal de justice envisagé ici.

Notons en passant que si l'idée de surveillance a mauvaise presse de nos jours, cela se justifie par le risque d'utilisation du pouvoir qu'elle confère, par une oligarchie tyrannique, ou, quelque individu mal intentionné, ou plus généralement, des jugements ou mesures inappropriés liés à une mauvaise organisation. Il faut bien comprendre que la surveillance n'est qu'un moyen, et que si elle est mise effectivement au service de l'intérêt général (grâce à une organisation appropriée), c'est globalement un avantage. Il en est de même des notions de police, de justice etc.

La criminalité réduite

Notons à ce propos que, dans une telle société, les vols (et la criminalité économique en général) seront sensiblement réduits par rapport à la société actuel, et ce pour au moins huit raisons.

1-
Comme il ne sera plus possible de vendre (ni même de donner ou de prêter) quoi que ce soit, le vol d'un bien ne pourra donc être motivé comme moyen de se faire de l'argent, ce qui est le principal mobile de vols actuellement.

2-
L'argent lui-même ne pourra être volé car il sera entièrement virtualisé et chacun ne pourra utiliser que son propre argent (des signes de reconnaissance fiables comme les empreintes digitales, la forme de l'iris, le timbre de la voix… permettent, ensemble, une très bonne fiabilité d'identification)…

3-
Même si une personne vole un bien pour son usage personnel, il sera facile de la confondre, puisque l'ensemble des biens dont une personne pourra jouir légitimement (à un moment donné) sera connu… On pourra aussi facilement retrouver le détenteur légitime du bien…

4-
Les comptes de chacun étant publics (ou du moins facilement accessible aux personnes en charge du bien public), il sera aisé de repérer une fortune monétaire ou un train de vie anormalement importants… Cela est tout particulièrement intéressant pour éviter la corruption...

5-
Comme nous l'avons vu, les moyens de la police et de la justice ne seront plus limités par des considérations monétaires (l'avidité des plus riches, en fait). Toutes les bonnes volontés seront donc les bienvenues.

6-
Plus radicalement, l'égoïsme sera moins développé qu'aujourd'hui. Celui-ci résulte de la focalisation sur des intérêts personnels forts, lesquels sont typiquement suscités par l'existence de pouvoirs discrétionnaires importants. Or, comme on l'a vu, ceux-ci, auront été éliminés : mandats impératifs, abolition de la nue-propriété… À l'inverse, l'intérêt général sera valorisé, de même que l'altruisme (comme on l'a vu).

7-
La criminalité écologique sera également réduite, puisqu'il n'y aura plus comme aujourd'hui, de forts intérêts économiques à polluer ou à piller l'environnement. En effet, l'impact écologique sera directement pris en compte dans l'évaluation des utilités des activités, et donc des rémunérations (et aussi, par ricochet, dans le prix des denrées)…

8-
Nous venons de voir jusqu'ici des facteurs économiques… mais rien n'empêche de développer une éducation appropriée, y compris « rétroactive » au travers d'un système judiciaire (plus judicieux).

Le bonheur accru

Plus généralement, le bien-être sera accru, par un plus grand nombre de réalisations utiles. Car premièrement, leur financement ne sera plus limité, comme on l'a vu, par l'égoïsme des plus riches. Deuxièmement, l'accroissement de productivité (lié au progrès technique et à une meilleure organisation économique) va effectivement libérer beaucoup de main d’œuvre au service des réalisations d'intérêt général. Et enfin, ne l'oublions pas, le système de rémunération favorisera précisément l'utilité...

Il sera accru par une réduction considérable du secteur de la publicité (qui se réduira à une information objective sur les productions existantes ou proposées). Cela accroîtra le bien-être directement (gêne des publicités elles-mêmes pour leur cible), mais aussi indirectement par la réduction du travail et du coût écologique que ce domaine suscite.
Les produits seront plus appropriés aux réels intérêts des gens (il n'y aura plus de manipulation commerciale incitant à la dépense : publicité, rabais sur les grosses quantités, effet d'abondance, effet d'urgence, effet de groupe, ambiance festive, amorçage, obsolescence plus ou moins programmée etc.)

L'accroissement de l'altruisme, la réduction de la jalousie et de la compétition, vont non seulement avoir un bénéfice direct mais aussi indirect, via la réduction d'activités induites : police, justice, médecine (à cause du stress).
En particulier, la circulation des informations utiles ne sera plus entravée, comme aujourd'hui par le secret industriel, la propriété intellectuelle, l'espoir d'une valorisation monétaire indirect. Bien au contraire, puisqu'elle sera, comme on l'a, vu directement rémunérée !

Bien sûr, il y a d'autres domaines à envisager pour une société plus agréable : l'éducation, les mœurs etc., mais les considérations économiques sont particulièrement importantes car elles influencent fortement tout le reste, donc vaut mieux commencer par là…

Valorisation pour tous

Signalons deux ou trois idées en rapport avec la vie privée des gens. Le travail d'éducation et de soin envers les enfants effectué par les parents pourra être rétribué, puisque évidemment utile pour la société. Là encore, le temps passé pourra être pris en compte, auquel pourront être ajoutées des primes en cas de réussite éducative manifeste. Cette rémunération pourrait également être conditionnée à une formation dans ce domaine (pour favoriser une meilleure éducation).

Sur cette lancée, les frais liés aux soins des enfants (nourriture, logement etc.) pourraient être pris en charge par la collectivité.
Par contre, il ne faut pas perdre de vue que l'utilité de la reproduction humaine n'est pas forcément positive, du fait des limitations des ressources terrestres.
Or, il se trouve que la démographie aujourd'hui est essentiellement limitée par le fait que les parents payent pour les soins prodigués à leurs enfants . Il faudrait donc, en cas de risque de surpopulation, mettre en place un système incitant à limiter la reproduction. On peut être tenté, pour ce faire, de ne pas subventionner les soins aux enfants (du moins au-delà des premiers de chaque personne). Mais cela pourrait pénaliser les enfants (comme c'est le cas aujourd'hui, où nombre d'enfants vivent dans la pauvreté, tant matérielle qu'éducative). Mieux vaut garantir une bonne prise en charge de chaque enfant, et faire payer un coût par enfant aux géniteurs (croissant avec le nombre d'enfants qu'ils souhaitent). Comme il n'y aura plus de chômage, il n'y aura plus de problème de solvabilité. Et en cas de défaillance éducative grave, les enfants seraient confiés à des éducateurs plus performants (comme cela se fait déjà plus ou moins aujourd'hui, dans les sociétés qui peuvent se le permettre).

La rémunération peut même s'étendre à l'entretien de son propre lieu de vie pour les personnes vivants en communauté (typiquement, les familles). En effet, les autres membres du ménage bénéficieraient de ce service. Ils paieraient donc pour cela, tandis que la personne ayant effectué le travail bénéficierait d'une rémunération, réduite du fait de sa propre jouissance du résultat de son travail (par exemple, pour un ménage de deux personnes, elle serait réduite de moitié).

Ainsi, les « femmes au foyers » cesseraient d'être dépendantes de leur mari, et plus généralement, toutes les activités seraient également traitées et respectées. Il n'y aurait plus l'illusion, comme aujourd'hui, que ceux qui apportent de l'argent travaillent pour les autres, c'est vrai en particulier du secteur marchand actuel, s'autoproclamant « créateur de richesse » et se donnant l'impression de payer les fonctionnaires. Là, la perception des choses serait parfaitement fidèle à la réalité des contributions de chacun.

Notons que certaines choses auxquels des gens sont aujourd'hui attachés du fait d'inconvénients de l'actuel système, n'auraient plus lieu d'être. Ainsi, il n'y aurait plus besoin de congés payés, chacun se finançant ses vacances en quelque sorte en faisant des économies (puisque ce serait bien plus facile qu'aujourd'hui). Et il en est de même de la retraite, dans la mesure où toute forme d'invalidité, et donc les baisses de performances dues à la vieillesse, seraient évidemment prises en charge par la sécurité sociale.

Jugements

Bien entendu, ce ne sont là que des idées, des propositions. Tout cela est à discuter et préciser ensemble.
Pour se mettre d'accord, cependant, une certaine base est sans doute nécessaire, la raison. Il ne faut pas être attaché à des idées juste parce qu'elles nous séduisent. Il faut voir si la chose est viable selon toute vraisemblance. Il ne faut pas réagir sur la base d'apparences, de peurs, de projections liées à notre vécu personnel, mais vérifier si, objectivement, cette société conviendra à ceux qui y vivront. Ne pas extrapoler à partir de ce que l'on connaît aujourd'hui, mais prendre en compte la cohérence interne de ce qui est proposé.

Et il s'agit également, comme nous l'avons déjà dit, de peser les avantages et les inconvénients.
Les avantages (par rapport au système actuel) sont principale­ment : plus de bien-être matériel et relationnel pour tous, en particulier : plus de sécurité, de liberté, un environnement préservé... Le principal inconvénient est l'obligation d'être utile globalement (pour ceux qui le peuvent), ou plus exacte­ment, de ne pas être nuisible... à comparer avec, aujourd'hui, l'obligation de se soumettre à autrui (son patron ou ses clients, à l'exception d'une infime minorité de privilégiés).
Peut-être que certains préfèrent un rapport de soumission/domination, avec toute la compétition et la violence que ça implique (c'est-à-dire que la possibilité de dominer ne peut être séparée d'un risque d'être dominé). Personnellement, je préfère la coopération. Mon choix est donc vite fait. La question est : « combien sommes-nous à avoir cette préférence ? »

Transition

Autre différence : cette société est à mettre en place, forcément ! Mais cela n'a rien d'irréalisable. Certes, la transition ne va pas se faire en un jour...

Mais ça peut se faire sans trop d'injustices (puisque c'était un peu notre idée de départ, la justice) : il est normal par exemple, que celui qui a fait l'acquisition d'un bien, qui a payé pour ça, soit remboursé. Ainsi, pour abolir la nue-propriété, la collectivité pourrait racheter tous les biens (à leur juste prix), et pas besoin d'en exproprier les utilisateurs : ils deviendraient juste locataires.
La plupart des gens, dans un premier temps, continueraient d'exercer leur activité professionnelle. C'est juste la rémunération qui évoluera (au profil des activités les plus utiles), l'organisation, aussi, pour gagner en efficacité.
Le chômage sera rapidement éliminé. On recrutera, en priorité, d'ailleurs, pour les tâches d'économes : fixation des prix, des salaires… (tout cela se faisant, je le rappelle, sous le contrôle direct de l'ensemble de la population...

Et avant d'en arriver là, un certain nombre de choses peuvent être expérimentées à plus petite échelle, car il faut bien voir que la centralisation n'exclut pas la décentralisation : on règle chaque chose au niveau qui convient : les affaires de la commune au niveau de la commune etc. Donc, des volontaires peuvent très bien expérimenter cette nouvelle économie localement, au sein d'éco-quartiers ou éco-villages, par exemple.
On peut aussi développer cette économie en parallèle, sur la base du volontariat. Par exemple, au lieu de conditionner l'attribu­tion des minima sociaux ou indemnités chômage au fait de se vendre, on pourrait les conditionner à une activité utile… ce qui est, nous l'avons vu, très différent. Ainsi, au lieu de maintenir tout le monde dans l'économie capitaliste, on offrirait la possibilité de participer à l'économie utile...

Là encore, il ne s'agit que d'idées, qui suggèrent que la chose est faisable…
En tout cas, tous ceux qui pensent que c'est le cas, et qui ont envie d'être particu­lièrement utile, savent donc ce qui leur reste à faire…faire connaître l'économie utile !

Terminologie et progrès

« Économie utile », c'est peut-être un peu vague, il peut être bon de lui donner un nom plus fidèle à la chose désignée.
Le concept de socialisme conviendrait bien, si l'on se réfère aux sens premiers, mais le mot a été tellement galvaudé que ce peut être trompeur. Il s'agit tout d'abord d'une économie de partage. On partage ce qui est commun : le gâteau que représente la richesse totale, l'échange supposant, lui, la possession… Il s'agit également d'une économie juste, solidaire, écologique, basée sur l'utilité, et démocratique. Le mot « ucratie » résume tout cela... On peut donc parler d'économie de partage ucratique.
Il s'agit d'une économie monétaire. Il y a bien une monnaie au sens de droits à consommer attribués aux individus (leurs points d'utilité).
On pourrait envisager, cependant, de supprimer la monnaie, en demandant aux gens ce qu'il souhaitent consommer, et en le leur attribuant une fois la chose produite, avec l'obligation, là encore, d'une contribution en rapport à la production générale (lorsqu'elle est possible). Ce serait encore mieux, en théorie, car l'économie serait encore plus économe, et l'égoïsme encore moins sollicité. Mais c'est plus difficile à mettre en place et à comprendre et accepter (compte tenu de notre fonctionnement actuel). La socialisation serait encore, plus forte. C'est plus radical, disons.
L'économie de partage ucratique monétaire, ÉPUM, comme on va donc l'appeler, peut constituer, cependant, une étape intermédiaire vers l'économie de partage ucratique radicale, l'ÉPUR.

Mais bon, ce qui est sûr en tout cas, c'est que si on était là, ce serait déjà pas mal, cela représenterait un sacré progrès pour le bien-être général !
Progrès qu'il reste à accomplir, et qui n'attend que notre bonne volonté, notre prise de responsabilité personnel dans la marche du monde.

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