Consiste à poursuivre le plus grand bonheur possible de tout le monde en privilégiant la réduction des plus grandes souffrances, et en pratiquant une démarche rationnelle.
Nous appelons démarche rationnelle, l'application de l'ensemble des principes qui ont permis les progrès des sciences et techniques, et plus généralement, une remarquable efficacité à l'action humaine (par opposition à un simple réflexe animal).
Il s'agit principalement de
Dans les cas où le temps et les connaissances nécessaires à une action rationnelle manquent, il peut être bien sûr opportun de se fier à l'instinct (ce qui est alors, en fin de compte, un choix rationnel).
Un humaniste rationnel prendra donc ses décisions selon la procédure suivante :
Cette procédure permet de sélectionner l'action à entreprendre pour résoudre un problème (choix parmi plusieurs solutions exclusives), mais aussi d'établir un ordre de priorité entre les actions à venir (ordre, qui sera probablement à remettre en cause au fur et à mesure de la survenue de nouvelles informations).
En pratique, des simplifications importantes peuvent être appliquées. De plus, les évaluations sont assez approximatives, ce qui limite le recours à des calculs fastidieux.
La durée et la pénibilité du travail de délibération sont elles-mêmes à prendre en compte dans l'évaluation, de sorte qu'il conviendra souvent de se contenter d'inventaires incomplets et d'évaluations de bien-être approximatives, en particulier dans les cas d'urgence ou de faible enjeu.
Il en résultera souvent des options indifférentes (car ex-aequo à l'incertitude près), ce qui n'est pas très gênant d'un point de vue humaniste.
Une fois la délibération terminée, l'humaniste rationnel va bien sûr mettre en oeuvre dès que possible une des options retenues (ce qui peut conduire à d'autres délibérations).
Notons que l'humanisme rationnel est plus favorable à la réduction de la souffrance qu'une éthique qui se limiterait à préserver la vie (qui pourrait entraîner, par exemple, de la surpopulation) et qu'il est plus favorable à la préservation de la vie qu'une éthique qui se limiterait à réduire la souffrance (tuer tout le monde éliminerait durablement la souffrance, mais aussi le bonheur...)
Il résulte du point B4 ci-dessus qu'aucune différence de traitement ne peut être fondée sur autre chose que la maximisation du bien-être de tous en commençant par la réduction des plus grandes souffrances (d'où la notion d'humanisme, par opposition aux différentes formes d'égoïsme).
Cela vaut pour les êtres non-humains, étant entendu que leur sensibilité à la souffrance peut être estimée différente de celle des humains (du fait de différences de structures nerveuses).
Il résulte des points B5 et B6, qu'un humaniste rationnel va privilégier, toutes choses égales par ailleurs,
Il en résulte également un soin particulier apporté à la préservation de l'équilibre écologique (lutte contre la pollution et le pillage des ressources).
De même, une transformation psychologique conduisant à un objectif humaniste sera particulièrement recherchée car ayant de grandes chances d'induire une réaction en chaîne et donc, un changement rapide à grande échelle, surtout si elle s'accompagne d'une démarche rationnelle (car les actions seront alors plus efficaces). La chose est d'autant plus réaliste que la bienveillance est une source de bonheur pour le sujet lui-même…
La démarche rationnelle sera évidemment promue, mais surtout dans les domaines où elle participe le plus assurément à l'accroissement du bonheur, à savoir : philosophique (recherche de la sagesse) et politique (recherche d'une bonne organisation collective). D'autant plus que ce sont les domaines où elle est le moins présente actuellement (de sorte que, tragiquement, cette démarche est essentiellement mise au service de l'auto-destruction !)
La communication humaniste rationnelle comporte, outre, l'adoption par chacun des protagonistes, de l'éthique que nous venons de voir, l'adoption des règles pratiques suivantes.
Il s'agit d'une structure où les délibérations se prennent autant que possible collectivement et directement par l'ensemble des citoyens (ou membres), et conformément aux principes humanistes rationnels (éthique et communication).
De plus, les principes suivants doivent être respectés :
Exemple d'organisations possibles
À tout moment, chaque citoyen pourra faire des suggestions ou soulever des problèmes, sur n'importe quel thème. Des discussions pourront alors s'engager à leur sujet, respectant les principes de l'humanisme rationnel (éthique, communication...), de façon à les valider ou pas. Des quorums (nombre minimum d'intervenants) et durées minimums avant décision pourront être exigés, en fonction de l'importance du sujet.
En cas d'opportunité d'amélioration du bien-être bénéficiant d'une action rapide, un grand nombre de citoyens seront spécialement sollicités, ou une commission chargée de la décision sera tirée au sort, afin de garantir une délibération effective et rapide.
L'économie correspond à l'ensemble des décisions relatives à la gestion des biens matériels (production, distribution, consommation). Vu le nombre et la complexité de ces décisions il est en pratique nécessaire d'établir des règles de fonctionnement (que l'ensemble des citoyens doivent respecter). Ces règles constituent un modèle économique (ou type d'économie).
Tout naturellement, une économie « humaniste rationnelle » devra assurer un maximum de bien-être, et ce, équitablement. Elle devra également garantir la préservation d'un environnement permettant la survie et une santé satisfaisante aux générations futures.
Un moyen simple de permettre cela est de demander aux citoyens d'évaluer un niveau de bien-être qu'ils pensent probablement avoir pour les différentes activités (de production ou de consommation), puis de déterminer les productions et répartitions du travail et de la consommation qui maximisent équitablement le bien-être calculé à partir de ces données (c'est-à-dire en appliquant l'algorithme vu plus haut de délibération humaniste rationnelle). La préservation de l'environnement peut être garantie simplement en ajoutant quelques contraintes dans ce calcul (limitation des quantités totales de certains prélèvements et rejets).
Notons qu'il est important, dans le choix d'une organisation « humaniste rationnelle », de prendre en compte l'effet de cette organisation sur la psychologie des individus.
Ainsi, une organisation offrant aux individus la possibilité d'acquérir des avantages importants induit, à cause des désirs et attachements qu'ils suscitent, des conflits, de la violence et plus généralement, une négligence du bien commun...
Ainsi, une organisation n'offrant pas de sécurité suffisante (sa viabilité reposant sur des hypothèses incertaines, souvent trop optimistes) génère également des comportements égoïstes (chacun étant alors tenté de se préoccuper individuellement de sa sécurité)...