Une démocratie particulièrement satisfaisante, et donc, une plus grande liberté pour tous, semble donc réalisable sur la base de l'amour et de la raison.
Le devoir d'équité n'est pas une contrainte... si l'amour est présent.
Mais en attendant, que fait-on de ceux qui seraient tellement égoïstes qu'ils ne souhaiteraient pas l'équité, le bien commun ? On peut bien sûr s'attendre à ce qu'ils soient de moins en moins nombreux, mais on ne peut se contenter lâchement de vœux pieux, de belles idées.
On peut penser qu'un État qui impose l'équité serait un moindre mal en ce qu'il ne nuirait pas à la liberté de ceux qui y aspirent, tout en limitant les nuisances de ceux qui s'y opposent. De plus, un tel État pourrait être une démocratie, laissant un temps suffisant aux débats pour s'approcher le plus possible de l'unanimité, puis tranchant à la majorité ou au consensus en n'autorisant les vétos que sur la base du principe d'équité...
Ce que nous appelons ici l'équité n'est pas l'égalité. C'est le plus grand bien que dicte naturellement l'amour et la compassion : tout le monde n'a pas les mêmes besoins, selon son activité, son état de santé etc. ni les mêmes capacités. De plus, cette équité concerne naturellement les générations futures...
Elle découle également du fonctionnement démocratique : ce qui est décidé en commun tend à aller dans son sens (si la démocratie est celle que nous proposons ici !)
En outre, le droit à l'équité n'implique pas nécessairement l'obligation de demander (contrairement au droit de privation arbitraire). Le bon sens dicte quand il est souhaitable de prendre une décision à plusieurs, et quand il est souhaitable de ne pas le faire. Cela n'empêche pas une délégation de pouvoir justifiée par le bon sens : chacun pourrait être gardien de certains biens, par exemple. La règle de démocratie signifie simplement que le groupe est souverain en cas de désaccord ou d'entorse manifeste au droit d'équité...
Il est difficile d'imposer d'emblée et durablement un bouleversement radical à grande échelle, mais il est facile de l'initier, comme une étincelle peut mettre le feu à une forêt entière ou une boule de neige déclencher une avalanche.
Il suffit de réaliser localement une économie alternative fondée sur le partage entre ceux qui le souhaitent, tout en cultivant suffisamment l'amour et la raison pour que sa réussite soit particulièrement attractive. Cela attirerait de plus en plus de volontaires.
Pour supprimer une propriété privée, il suffit qu'elle soit acquise par une association sans but lucratif. Pour éviter tout risque de dérive oligarchique, le fonctionnement de l'association doit également être démocratique (et non pas électif...)
Sur le long terme, personne ne nous oblige à subir le droit de priver arbitrairement et l'inégale répartition de ce pouvoir. Rien n'empêche ceux qui le veulent de s'organiser économiquement entre eux, comme ils l'entendent. Rien ne nous empêche d'amorcer l'utopie, sinon une dépendance à des intérêts à court terme, notre aveuglement, notre conditionnement.
Le plus grand obstacle se trouve en nous-mêmes et non pas dans quelques mystérieux comploteurs qui réprimeraient toute action. Cette dernière croyance est très populaire parce qu'il est très tentant de trouver une cause simple à l'extérieur de soi, plutôt que se mettre en cause, surtout si cette croyance dispense d'agir. Nous croyons encore que nous ne pouvons rien faire, ou du moins, que nous ne pouvons pas opérer d'évolution aussi radicale parce que c'est ce que l'on nous a dit. On nous a dit que c'était « utopique ».
L'utopie est un nom donné à une ile fictive dans un roman. par un penseur d'un monde meilleur du XVIème siècle, Thomas More. Cette dénomination avait probablement pour but de rappeler que la société qu'il décrivait n'existait pas réellement sur une île à son époque, contrairement à ce qui était dit dans son œuvre, mais était à réaliser, où que ce soit : « utopie » signifie en grecque : « sans lieu » !
Certains n'ont pas manqué d'exploiter cette étymologie pour désigner ainsi quelque chose d'impossible, au lieu de quelque chose de meilleur, ou pire : de faire amalgamer « nettement meilleur » avec « impossible ».
L'utopie a également été associée avec l'idée de perfection ou encore de naïveté (sans doute à cause du manque de réalisme de certains de ses penseurs).
On n'a pas manqué non plus, de l'amalgamer avec quelques dérives autoritaires et totalitaires issues d'une pensée simpliste et sectaire, généralisant ainsi les méfaits de ces simplismes violents à toute tentative de sortie du cadre actuel. L'utopie a ainsi été présentée comme dangereuse. Or, c'est la bêtise, qui est dangereuse : qu'elle soit révolutionnaire, réformatrice ou conservatrice...
Vu que nous avons déjà tendance à considérer comme impossible ce que nous n'avons jamais vu faire, et à nous interdire ainsi toute évolution, à nous comporter comme les moutons de Panurge, il n'en faut pas beaucoup plus pour nous maintenir dans l'enclos.
Nous sommes un peu comme ces éléphants de cirque qui passent toute leur vie attachés à un pieu. Ils pourraient pourtant facilement arracher celui-ci, compte tenu de leur force. Ils ne le font pas pour la seule raison qu'ils sont ainsi attachés depuis tout petits. En ces temps là, ils ont tiré, mais en vain : leur force n'était pas encore suffisante. Depuis, ils continuent de croire que ce n'est « pas possible ». Sauf qu'aux hommes, l'idée peut encore revenir, s'ils imaginent de nouveaux plans pour résoudre le problème. C'est pourquoi il faut quelque chose de plus pour les immobiliser : des idées. Et ils s'en racontent sans cesse (car les hommes se domptent mutuellement) :
« l'homme est ainsi », « ça a toujours existé et ça existera toujours », « Puisque Dieu le veut », « on ne change pas le monde », « on ne te laissera pas faire », « tout est foutu », « c'est trop tard », « à quoi bon », « occupe-toi d'abord de toi », « profite de la vie », « c'est prétentieux », « c'est dangereux », « c'est extrémiste », « on a déjà essayé », « regarde le résultat », « c'est de l'utopie », « il ne faut pas trop penser », « intègre-toi d'abord », « le commerce relie les hommes », « il ne faut pas se couper du monde », « la compétition est une bonne chose », « faut pas rêver », « chacun chez soi et tout ira bien », « il n'y a pas d'alternative (nouvelle) », « nous vivons en démocratie », « il y a plein d'alternatives (qui existent) »... Amen.
Et nous avalons ces injonctions, ces généralités et autres distorsions, ces petites pilules pour dormir, chaque jour, avant de les distribuer nous-mêmes...
Plein de petits mécanismes court-circuitant la pensée on été implantés en nous, pour y agir au bon moment, afin de nous maintenir dans la critique stérile ou l'action « inoffensive »...
Parce que nous avons peur, et que cette peur régit nos pensées, nous nous interdisons le bonheur. Là encore, le remède existe : l'amour et la raison, qu'il suffit de mettre en œuvre... en pensant par soi-même, rationnellement...
Évidemment, ça prend un peu de temps. Évidemment, ça demande un petit effort. Évidemment, tout ce qu'on a cru n'est peut-être pas « la vérité »...
En outre, le divertissement veille pour nous empêcher de penser... La consommation veille, pour nous empêcher de construire. Mais nous pouvons veiller, quant à nous, à prendre notre vie en mains.
Nous venons de voir qu'une économie fondée sur le droit de priver et de transférer ce droit, induit, en pratique, un accroissement de la compétition, des conflits, des injustices, de la pollution.
Il se trouve qu'une telle économie s'est généralisé à l'ensemble de la planète. Il se trouve que l'homme n'a guère connu jusqu'ici que diverses formes d'oligarchie (qu'elles soient impériales, féodales, capitalistes ou communistes), dont le résultat n'est guère probant. Il se trouve que tout cela met aujourd'hui en danger la survie de notre espèce.
Il n'est pas complètement déraisonnable de penser qu'une économie plus démocratique fondée sur le droit à l'équité abolirait le cercle vicieux de la cupidité, et pourrait lui substituer le cercle vertueux de l'amour. La motivation de chacun serait essentiellement le respect d'autrui et de la planète, et non plus la nécessité immédiate d'accroitre son propre pouvoir dans le cadre du système capitaliste.
Une telle société favoriserait le développement et la croissance... des richesses humaines, et non plus des injustices, des guerres et de la pollution.
Rien n'empêche ceux qui veulent faire ce choix de se rassembler pour instituer entre eux, d'autres règles, un État différent, vraiment alternatif...
Il n'est donc pas nécessaire de lutter contre de « méchants capitalistes », de « vilains États » ou une « abominable mondialisation ». Il n'est besoin de lutter contre rien, juste de construire entre personnes « éveillées »... La « lutte » ne fait qu'ajouter d'autres conflits à ceux qui existent déjà. Elle entretient la peur et la division.
Par contre, expliquer, partager, oui !
Aucune révolution violente n'est nécessaire, juste une révolution intérieure induisant naturellement un comportement différent, rendant possible une entente plus forte et générale. Mais si cette révolution est nécessaire, elle n'est pas suffisante. Encore faut-il, ensuite, vivre et s'organiser différemment !
L'humanisme permettait à chacun de donner un sens à sa vie : celui de développer puis de préserver une société plus satisfaisante pour tous.
Conformément à la démarche rationnelle, la suite de tout ceci est à expérimenter, à vivre.
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