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Questions à un ami utopiste

III Une autre culture


6 De l'école

- Et qu'en est-il du système scolaire, de l'école ?

- Le terme « école » est à prendre ici dans un sens très large. Ça n'a pas grand chose à voir avec l'école-caserne qui est le lot commun de la plupart des sociétés actuelles. Il s'agit de lieux dévolus à l'éducation au sens large, à la formation, l'instruction. L'accent y est mis sur le plaisir d'apprendre, qui suppose une certaine liberté. Il y est beaucoup question de jeux, d'activités pratiques, mais il y en a aussi de plus académiques. Les enfants, tout en étant sérieusement encadrés, bénéficient d'une grande liberté. S'il y a des activités de groupe, à des horaires imposés (pour des nécessités pratiques), consacrées à la socialisation, à l'entraide dans la formation, en particulier, une grande partie de leur temps est consacrée à des objectifs d'acquisition de savoirs et savoir-faire personnels où ils sont relativement seuls. Ceci, pour une meilleure concentration et l' apprentissage de l'autonomie. Pour atteindre les savoir-faire demandés, l'élève fait lui-même appel aux moyens de son choix.

- Un professeur est à disposition de l'élève dès qu'il le demande  ?

- Sur de larges plages-horaires, oui. Sinon, il dispose également d'une vaste médiathèque...
Dès qu'il a atteint, de sa propre initiative, un objectif intermédiaire d'apprentis­sage, l'élève peut passer au suivant. Et il peut aussi se choisir des objectifs qui l'intéressent plus particulièrement.

- Comment sait-on qu'il a atteint un tel objectif  ?

- Par un test approprié. Si l'objectif n'est pas atteint, il doit poursuivre l'acquisition correspondante. Il n'est pas seulement question de moyennes générales et il n'y a plus la menace d'un redoublement. C'est bien plus souple et efficace comme ça ; moins stressant, donc préférable pour sa santé.

- Et qu'est-ce qui motive cette acquisition ? Parce que s'il n'a pas envie de travailler, il va rester toujours au même point... La menace du redoublement est un aiguillon pour avancer.

- Tout d'abord, on évite le terme « travailler »... Ensuite, outre le plaisir d'apprendre, que l'on fait en sorte de ne pas gâcher, on ajoute d'autres motivations. Il y a l'amour-propre. Les enfants aiment être plus avancés que moins avancés, dans leur formation. Enfin, en cas de lenteur excessive on essaie de voir d'où ça vient, et le cas échéant, l'activité de l'enfant est plus encadrée de façon à ce qu'il consacre plus de temps à sa formation, et/ou qu'elle soit plus efficace... Mais on évitera que cela ne soit vécu comme « punitif » (pour ne pas nuire au plaisir d'apprendre). On essaiera de comprendre d'où viennent les problèmes...

- Et quel est le contenu de l'enseignement  ?

- On y forme à la pensée rationnelle, que l'on ne limite pas aux domaines scientifiques... C'est important pour les prises de décisions collectives, l'efficacité en général. On apprend l'auto-organisation, mais aussi le bonheur.

- Le bonheur  ?

- Oui, le bonheur est essentiellement une affaire intérieure, c'est quelque chose qui s'apprend.

- N'y a-t-il pas de multiples façons d'être heureux, cela ne relève-t-il pas strictement d'un choix personnel  ?

- Bien sûr, nous ne faisons que transmettre des techniques, chacun est évidemment libre de les utiliser ou pas, ensuite. C'est là un enseignement pratique : savoir s'analyser, prendre conscience de ce qui se passe en soi, se connecter à ses aspirations profondes etc. ça n'a rien de dogmatique !
C'est dans le sillage de cet enseignement « philosophique », que l'on initie à la partie humaniste de l'éthique harmoniste. On explique quel est l'intérêt d'une solidarité universelle, mais aussi en quoi elle découle spontanément d'un certain calme intérieur... Il y a des exercices physiques de contrôle de soi, dans toutes sortes de situations. On apprend également la gestion des problèmes relationnels etc.
L'éducation physique est importante également : « comment prendre soin de son corps ? » Tout cela est vu en lien avec la biologie.
On apprend aussi comment produire ce dont on a besoin, en lien avec une meilleure connaissance de la nature, les sciences en général.

- Et les maths, le français  ?

- Oui, bien sûr, aussi. Ça fait partie des bases techniques. La géographie, l'Histoire (où l'on essaie de comprendre ce qui se passe, psychologiquement, plutôt que de simplement décrire des événements), la linguistique, la physique... Certaines matières, jugées fondamentales sont obligatoires, d'autres sont optionnelles (comme certaines langues étrangères, par exemple).

- Et comment se fait le passage au fonctionnement économique « adulte »  ?

- Il a lieu dès que certaines choses jugées suffisamment importantes sont acquises. En particulier de l'ordre de la démarche rationnelle.

- Et comment on le vérifie, par un examen  ?

- Non pas un examen, mais plusieurs, un pour chaque matière. Il n'y pas ce système barbare où l'on doit suivre à nouveau une formation pour toutes les matières pendant un an, alors qu'il n'y en a qu'une pour laquelle on n'est pas au point. De plus, pour une matière donnée, il n'y a pas qu'un examen. Il y en a un premier, puis un second de contrôle, pour vérifier que l'acquisition est durable et ne résulte pas d'un simple bachotage. La date et l'heure du premier examen est au choix de l'élève. Le second est un examen-surprise (qui peut cependant être reporté par l'élève en cas de problèmes indépendants de sa volonté). De plus ces examens ne se font pas seulement avec une feuille de papier (ou un ordinateur), ce sont souvent des travaux pratiques...
Une fois les tests nécessaires passés avec succès, le jeune est déclaré « citoyen ». Il peut alors participer pleinement à la vie politique de sa commune, participer au système économique (en choisissant ses consommations), voyager pour éventuellement s'installer ailleurs, dans une autre commune ucratique ou pas. Il peut également poursuivre des études plus spécialisées.

- Et s'il échoue constamment  ?

- Ces cas sont rares, car il ne s'agit pas d'un examen trop difficile. Il est à la portée de n'importe quel être humain en bonne santé. Dans ce cas, on voit quand même ce qu'il est capable de faire.

- C'est un peu comme la majorité...

- Oui. On célèbre cela par une fête.

- Un rituel de passage, en quelque sorte. La majorité ne correspond donc pas à un âge précis  ?

- Non. Elle correspond à une compétence, ce qui nous semble plus logique...

- Je comprends mieux la motivation des élèves pour avancer dans leur formation...

- Cela ne correspond pas à la sortie du système scolaire, puisque le jeune peut choisir de continuer à se former en étant dispensé de travailler, s'il le souhaite. Beaucoup le souhaitent, car plus on est formé dans un ou plusieurs domaines professionnels, plus on a la possibilité d'exercer un grand nombre d'activités souvent plus intellectuellement satisfaisantes. Sans parler du plaisir d'apprendre... Seuls ceux qui aiment le moins l'étude, choisissent de passer à la vie active dès leur « citoyenneté ». Beaucoup commencent d'ailleurs par tester la vie active, avant de revenir étudier quelque temps. Cela est très éducatif...

- Et je suppose, que s'il y a une durée de formation minimum, il y a aussi un maximum au-delà duquel, la collectivité cesse de prendre en charge la formation.

- En un sens, oui. Ça dépend de la formation : si elle correspond à une demande importante : à une activité productive où il manque de personnes compétentes compte-tenu des niveaux de satisfaction pour les consommations corres­pondantes, par exemple, les études seront entièrement subventionnées par la collectivité, sinon, l'adulte a toujours la possibilité d'étudier ce qu'il souhaite, mais ce sera éventuellement à ses frais. Je rappelle que le temps libre est beaucoup plus important en économie ucratique...

- C'est une vision très utilitariste de la formation

- Réaliste. En fait, ça dépend aussi de la richesse dont on dispose. Si on en a les moyens, on favorise l'étude, la science pure, parce qu'on sait que c'est toujours utile à long terme... C'est juste que ce qui correspond à un besoin plus fort est plus assurément et fortement favorisé. C'est plus logique du point de vue de la satisfaction maximum. On peut appeler cela de l'utilitarisme ;-). Le vrai utilitarisme, pas un utilitarisme au service d'une minorité de ploutocrates...

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